PRÉFACE
Les bouleversements géopolitiques et climatiques qui ont marqué l’année 2023 illustrent, s’il en était besoin, la nécessité d’un travail rigoureux d’analyse des dynamiques économiques internationales qu’ils influencent de manière croissante.
C’est ainsi que les tensions géopolitiques se sont encore amplifiées tout au long de l’année. La guerre entre l’Ukraine et la Russie a donné lieu à peu de gains territoriaux, mais de nombreux décès et d’importantes destructions matérielles. Le 7 octobre 2023, Israël a connu une attaque d’une rare violence, qui a poussé l’armée israélienne à initier une guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, qui a, là aussi, conduit à de très nombreuses morts et d’importantes destructions. Les États-Unis et la Chine multiplient les déclarations et décisions hostiles. Il ne faut pas oublier des guerres peu médiatisées, mais d’une intensité dramatique comme la guerre civile soudanaise ou l’offensive Azéri en Nagorno-Karabakh.
L’année 2023 a aussi été l’année la plus chaude jamais enregistrée par l’Organisation Météorologique Mondiale avec une température moyenne de 1,45 degrés Celsius au-dessus du niveau de l’ère préindustrielle (1850-1900). Les océans se réchauffent et le niveau de la mer à l’échelle du globe a atteint un record. Les glaciers reculent et la banquise disparaît peu à peu en Antarctique. Les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient : cyclones, ouragans, inondations, vagues de chaleur, incendies de forêt, sécheresse persistante. Ces phénomènes affectent significativement la sécurité alimentaire de populations déjà vulnérables dans de nombreuses régions du monde.
En 2023, l’économie mondiale a connu une reprise inégale après le pic de la pandémie de COVID-19. Les États-Unis ont enregistré une croissance soutenue relativement à la zone euro, appuyée notamment par des financements publics massifs. Mais ils ont été confrontés à des tensions inflationnistes persistantes, conduisant la Réserve fédérale à maintenir des taux d’intérêt élevés. En Europe, la guerre en Ukraine a continué d’affecter les marchés énergétiques et agricoles. L’Allemagne a été particulièrement touchée, alors que l’activité a été relativement dynamique en Espagne. Affectée par sa stratégie de zéro COVID et des problèmes dans le secteur immobilier, mais également par des difficultés plus structurelles, la Chine a affiché une croissance économique plus faible que prévu. Les économies émergentes ont été confrontées à des défis croissants, notamment l’augmentation des coûts d’emprunt et la volatilité des devises. Deux crises bancaires ont exigé l’intervention des autorités publiques : l’une aux États-Unis où la Réserve fédérale est intervenue pour protéger les déposants de la Silicon Valley Bank, de la Signature Bank, puis de la First Republic Bank ; l’autre en Suisse où l’action du gouvernement, du superviseur et de la Banque centrale a permis d’éviter une crise de nature systémique.
En 2023, l’activité scientifique du CEPII a été particulièrement dynamique, en commerce, en politiques commerciales, en macroéconomie et finances internationales, ainsi qu’en migrations internationales. Les chercheurs du CEPII se sont distingués par leur participation à de nombreuses réunions à destination d’un large public, mais aussi des blogs, des Lettres, des "Policy Briefs" et des interventions dans les médias. Ils remplissent ainsi leur mission, qui associe recherche académique et participation au débat public. Ils contribuent aussi à actualiser et rendre disponible de nombreuses bases de données, dont la qualité est reconnue par la communauté académique internationale. C’est une mission à laquelle tous les chercheurs du centre sont attachés et dans laquelle ils sont engagés dans le long terme.
Jean Lemierre
Président du Conseil du CEPII
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