CEPII, Recherche et Expertise sur l'economie mondiale
Les politiques monétaires non conventionnelles


Christian Pfister
Natacha Valla

Depuis l’éclatement de la crise financière à la suite de la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008, les banques centrales des économies développées se sont engagées dans des politiques monétaires dites non conventionnelles (PMNC). L’adoption de ces politiques a répondu à deux sortes de préoccupations : d’abord parer à un dysfonctionnement dans le mécanisme de transmission de la politique monétaire, particulièrement dans un contexte de dégradation avérée ou potentielle d’une partie significative du système bancaire, afin d’éviter un blocage du marché interbancaire ; ensuite surmonter la limite à zéro des taux d’intérêt (zero lower bound) dans un environnement de faible croissance et d’inflation très basse où, si un choc de demande négatif devait intervenir, la politique monétaire conventionnelle n’aurait plus, compte tenu de taux d’intérêt déjà très faibles, de marges de manœuvre pour s’opposer à l’enclenchement d’une spirale déflationniste.

Dans ce chapitre, nous évoquons la généralisation des PMNC dans les pays développés, d’abord à travers leurs caractéristiques communes et les étapes marquantes de leur progression, avant de mentionner les craintes et interrogations qu’elles suscitent. Dans l’ensemble, il en ressort, comme l’écrit l’économiste historien Barry Eichengreen [2015], que la crise appelait une réponse de politique monétaire hors du commun et c’est ce que les grandes banques centrales ont livré à l’histoire. Pour autant, certaines modalités des PMNC restent à définir et les stratégies de l’« après » sont encore à inventer. [...]


 L'économie mondiale 2016
La Découverte, 2015
pp.40-56

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