Le débat sur la stagnation séculaire fait rage aux États-Unis. Il est en revanche moins prégnant en Europe, alors que cette dernière est la région du monde la plus vulnérable. Selon Larry Summers [2014], la stagnation séculaire se caractérise par un état persistant d’incapacité de l’économie à réaliser simultanément le plein emploi, une inflation stable et le maintien de la stabilité financière. Dans cet état, l’économie ne parvient pas à revenir spontanément sur une trajectoire de croissance soutenable lorsqu’elle en est écartée par des mutations technologiques ou démographiques, par la montée des inégalités, ou encore par des déséquilibres financiers de grande ampleur.
La panne de l’investissement constitue l’expression la plus singulière et préoccupante aujourd’hui de la stagnation séculaire car sa persistance contribue à la diminution de la croissance potentielle dans bon nombre d’économies développées. Déjà la panne de l’investissement était le point qui préoccupait le plus Alvin Hansen dans son discours de 1938 où il forgea l’expression de stagnation séculaire, après la rechute de l’économie américaine dans la récession, alors que le New Deal semblait l’avoir sortie de l’ornière [Hansen, 1939]. L’essence de la stagnation séculaire pour Hansen est la faible reprise qui meurt à peine née et les dépressions qui se nourrissent elles-mêmes en laissant persister le chômage.
L’actualité d’un tel phénomène est soulignée avec force par plusieurs économistes. Selon le World Economic Outlook du FMI d’avril 2015, la forte contraction de l’investissement privé pendant la crise et la reprise atypique sont des caractéristiques partagées par bon nombre d’économies développées. En 2014, l’investissement privé y était 25 % en dessous du niveau qu’il aurait atteint s’il avait suivi sa trajectoire antérieure à la crise. En outre, tous les types d’investissements ont chuté : même si l’investissement résidentiel privé a connu le plus fort déclin, l’investissement productif des entreprises, part la plus importante de l’investissement privé total, explique près des deux tiers de la baisse.
La faiblesse générale de l’activité constitue la cause la plus importante de cette chute de l’investissement. À partir d’études sur les tendances passées, il apparaît en effet que l’investissement actuel dévie peu de la prévision qu’on peut en faire, compte tenu de la faiblesse de l’activité dans les années récentes [FMI, 2015]. De plus, les entreprises citent souvent dans les enquêtes d’opinion la faiblesse de la demande comme principal facteur qui les contraint à ne pas investir. Dans ce contexte, les politiques économiques devraient soutenir la demande par moins d’austérité budgétaire et des politiques monétaires très accommodantes diminuant les taux d’intérêt réels pour abaisser le coût du capital.
Si cette analyse de la faiblesse de l’activité comme source de la chute de l’investissement engendrant la stagnation séculaire se révèle fondée et pertinente à bien des égards, nous choisissons ici d’en développer une seconde, complémentaire, qui souligne l’importance des conditions monétaires et financières et débouche sur des réponses de politiques économiques sensiblement différentes, capables d’arracher l’économie mondiale à la basse croissance sans pour autant relancer le cycle financier. [...]
La panne de l’investissement constitue l’expression la plus singulière et préoccupante aujourd’hui de la stagnation séculaire car sa persistance contribue à la diminution de la croissance potentielle dans bon nombre d’économies développées. Déjà la panne de l’investissement était le point qui préoccupait le plus Alvin Hansen dans son discours de 1938 où il forgea l’expression de stagnation séculaire, après la rechute de l’économie américaine dans la récession, alors que le New Deal semblait l’avoir sortie de l’ornière [Hansen, 1939]. L’essence de la stagnation séculaire pour Hansen est la faible reprise qui meurt à peine née et les dépressions qui se nourrissent elles-mêmes en laissant persister le chômage.
L’actualité d’un tel phénomène est soulignée avec force par plusieurs économistes. Selon le World Economic Outlook du FMI d’avril 2015, la forte contraction de l’investissement privé pendant la crise et la reprise atypique sont des caractéristiques partagées par bon nombre d’économies développées. En 2014, l’investissement privé y était 25 % en dessous du niveau qu’il aurait atteint s’il avait suivi sa trajectoire antérieure à la crise. En outre, tous les types d’investissements ont chuté : même si l’investissement résidentiel privé a connu le plus fort déclin, l’investissement productif des entreprises, part la plus importante de l’investissement privé total, explique près des deux tiers de la baisse.
La faiblesse générale de l’activité constitue la cause la plus importante de cette chute de l’investissement. À partir d’études sur les tendances passées, il apparaît en effet que l’investissement actuel dévie peu de la prévision qu’on peut en faire, compte tenu de la faiblesse de l’activité dans les années récentes [FMI, 2015]. De plus, les entreprises citent souvent dans les enquêtes d’opinion la faiblesse de la demande comme principal facteur qui les contraint à ne pas investir. Dans ce contexte, les politiques économiques devraient soutenir la demande par moins d’austérité budgétaire et des politiques monétaires très accommodantes diminuant les taux d’intérêt réels pour abaisser le coût du capital.
Si cette analyse de la faiblesse de l’activité comme source de la chute de l’investissement engendrant la stagnation séculaire se révèle fondée et pertinente à bien des égards, nous choisissons ici d’en développer une seconde, complémentaire, qui souligne l’importance des conditions monétaires et financières et débouche sur des réponses de politiques économiques sensiblement différentes, capables d’arracher l’économie mondiale à la basse croissance sans pour autant relancer le cycle financier. [...]
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