Vue d'ensemble : le temps des doutes
Agnès Chevallier
Une fois encore, à l’été 2015, les perspectives de croissance de l’économie mondiale ont été révisées à la baisse. L’accélération prévue il y a un an pour 2015 n’interviendra pas, le premier trimestre de l’année ayant connu la progression de l’activité la plus faible depuis la crise. La croissance a été décevante aux États-Unis et au Japon, le ralentissement des économies émergentes et en développement est plus marqué qu’attendu. Comme chaque année depuis 2011, la révision des perspectives s’accompagne du report à l’année suivante d’une amélioration plus franche. Cette fois, cependant, dans l’ensemble des exercices prospectifs publiés à la mi-2015 par les institutions internationales, les doutes sont plus manifestes. Il n’est plus guère question de retour à la « normale » et les scénarios alternatifs retiennent plus de motifs d’inquiétude que de signes encourageants [OCDE, 2015a]. « La durée de la Grande Récession et le caractère extraordinaire des mesures qu’il a fallu prendre pour la combattre, ont créé le sentiment largement répandu, mais vague que quelque chose a changé » [Teulings et Baldwin, 2014]. L’impact des transformations structurelles produites par la mondialisation n’a sans doute pas encore été bien mesuré. Beaucoup de références habituelles, de cadres d’analyse, sur l’investissement et les profits, l’emploi et les salaires dans les économies avancées pourraient être devenues obsolètes. Comment interpréter la panne persistante de l’investissement dans ces économies ? Cette absence de moteur, dont les causes seront analysées dans le chapitre II, est la caractéristique centrale de la conjoncture des économies avancées qui sera résumée dans la deuxième partie de cette vue d’ensemble, après une première partie où seront rappelées les principales évolutions globales de l’année écoulée. La dernière partie sera consacrée à la Chine. Le ralentissement et la transformation de l’économie chinoise ont un retentissement mondial ; ils touchent particulièrement les économies émergentes et en développement qui avaient été portées par la formidable progression de l’économie chinoise. [...]
Agnès Chevallier
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