L'économie allemande est-elle de retour ?
Christophe Strassel
Les dix dernières années ont vu la disparition du modèle économique allemand. Le temps paraît bien lointain où les vertus du « capitalisme rhénan » étaient opposées aux défauts du « capitalisme anglo-saxon » et où les institutions économiques de l’Europe s’inspiraient directement de celles qui avaient accompagné le succès économique de l’Allemagne. Pourtant, 2005 a signalé un renouveau. L’économie allemande a confirmé son titre, retrouvé en 2003, de « champion du monde des exportations » (Exportweltmeister), les profits de ses grandes entreprises ont atteint des niveaux records et l’indice de confiance des chefs d’entreprise n’a cessé d’augmenter jusqu’en 2006. Ce rétablissement apparent a été accueilli avec enthousiasme par la presse et les milieux politiques, prompts à considérer la compétitivité externe comme le principal indicateur de santé économique d’un pays et pressés de voir récompenser la « vertu » des réformes structurelles mises en œuvre par le gouvernement allemand. Pourtant, la situation de l’économie allemande demeure ambiguë : la croissance est faible, et l’OCDE prévoit qu’elle restera inférieure à la moyenne de la zone euro en 2006 et 2007 ; le chômage tarde à reculer malgré les réformes profondes du marché du travail ; les résultats du commerce extérieur eux-mêmes ne sont pas sans présenter d’inquiétantes caractéristiques. Il convient donc de revenir aux causes du décrochage allemand, devenu manifeste à partir du milieu des années 1990. Cette analyse montre que les réformes mises en œuvre depuis le début des années 2000 ne répondent que partiellement aux difficultés rencontrées depuis dix ans et ne sauraient suffire à ramener durablement la croissance. [...]
Christophe Strassel
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