De la révolution industrielle à l'IA, ces mutations qui bousculent le travail (et sa rémunération)
Axelle Arquié
Thomas Grjebine
Axelle Arquié
Thomas Grjebine
Le travail et sa rémunération renvoient fondamentalement à la valeur créée au sein de l’économie et à son partage. La révolution industrielle amorcée au XVIIIe siècle, puis la mondialisation du XXe siècle ont tour à tour profondément transformé les mécanismes de création de valeur, la nature des emplois disponibles et le partage des fruits de cette création de valeur, de même qu’aujourd’hui l’essor de l’intelligence artificielle (IA) et la transition écologique.
La première révolution industrielle a permis l’augmentation considérable de la création de richesses, condition nécessaire pour pouvoir mieux rémunérer le travail, mais ce n’est qu’au XXe siècle, grâce à des institutions adaptées, en particulier le compromis fordiste et l’État-providence, que la répartition de la valeur est devenue plus favorable aux travailleurs. Mais cette répartition plus équitable de la valeur s’est trouvée remise en cause par le ralentissement de la croissance de la fin des années 1970, la recherche de profits conduisant à un déplacement de la production vers des pays à bas salaires et au recours à l’automatisation. Se sont ensuivies une polarisation des marchés du travail et une précarisation des formes d’emplois : l’emploi s’est développé aux deux extrémités de l’échelle des salaires au détriment des niveaux de rémunération intermédiaire et le CDI a laissé place à une myriade de contrats moins stables.
C’est dans ce cadre macroéconomique et institutionnel, qui a vu les classes moyennes se fragiliser, que s’opèrent les mutations d’aujourd’hui, celle de l’IA et celle que constitue la transition écologique. D’un côté, l’IA et l’automatisation promettent une augmentation de la productivité et donc potentiellement des salaires, mais, de l’autre, elles risquent de réduire le nombre de postes disponibles pour les travailleurs humains. Quant à la transition écologique, elle interroge la possibilité de concilier poursuite de la croissance et décarbonation de nos économies, tandis que les adaptations majeures qu’elle exige vont remodeler les marchés du travail. Ces transformations questionnent la capacité de nos économies à pouvoir durablement créer et répartir équitablement la valeur, mais aussi la pérennité d’une classe moyenne apparue pendant les Trente Glorieuses à la faveur d’un meilleur partage des fruits de la croissance. Sur un marché du travail déjà fortement polarisé, les emplois décents (stables, correctement rémunérés) survivront-ils à ces nouvelles mutations?
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La première révolution industrielle a permis l’augmentation considérable de la création de richesses, condition nécessaire pour pouvoir mieux rémunérer le travail, mais ce n’est qu’au XXe siècle, grâce à des institutions adaptées, en particulier le compromis fordiste et l’État-providence, que la répartition de la valeur est devenue plus favorable aux travailleurs. Mais cette répartition plus équitable de la valeur s’est trouvée remise en cause par le ralentissement de la croissance de la fin des années 1970, la recherche de profits conduisant à un déplacement de la production vers des pays à bas salaires et au recours à l’automatisation. Se sont ensuivies une polarisation des marchés du travail et une précarisation des formes d’emplois : l’emploi s’est développé aux deux extrémités de l’échelle des salaires au détriment des niveaux de rémunération intermédiaire et le CDI a laissé place à une myriade de contrats moins stables.
C’est dans ce cadre macroéconomique et institutionnel, qui a vu les classes moyennes se fragiliser, que s’opèrent les mutations d’aujourd’hui, celle de l’IA et celle que constitue la transition écologique. D’un côté, l’IA et l’automatisation promettent une augmentation de la productivité et donc potentiellement des salaires, mais, de l’autre, elles risquent de réduire le nombre de postes disponibles pour les travailleurs humains. Quant à la transition écologique, elle interroge la possibilité de concilier poursuite de la croissance et décarbonation de nos économies, tandis que les adaptations majeures qu’elle exige vont remodeler les marchés du travail. Ces transformations questionnent la capacité de nos économies à pouvoir durablement créer et répartir équitablement la valeur, mais aussi la pérennité d’une classe moyenne apparue pendant les Trente Glorieuses à la faveur d’un meilleur partage des fruits de la croissance. Sur un marché du travail déjà fortement polarisé, les emplois décents (stables, correctement rémunérés) survivront-ils à ces nouvelles mutations?
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