Chine : le rééquilibrage de la demande interne est incertain
La Chine a été un acteur majeur dans la montée des déséquilibres mondiaux au milieu des années 2000. Depuis la crise, les excédents courants de la Chine se sont considérablement réduits mais le rééquilibrage de la demande interne en faveur de la consommation des ménages reste encore peu visible.
Par Françoise Lemoine
L’excédent commercial de la Chine est tombé de 262 à 155 milliards de dollars de 2007 à 2011, soit en pourcentage du PIB, de 7 à 2% (Graphique 1). La crise globale a mis fin en Chine à une croissance économique qui, de 2004 à 2007, avait été tirée par la demande extérieure. Pourtant, la configuration de ses déséquilibres bilatéraux n’a guère changé (Graphique 2). D’un coté, ses excédents commerciaux se sont accrus sur les Etats-Unis, et se sont stabilisés avec l’UE (grâce au doublement des exportations européennes vers la Chine). De l’autre coté, ses déficits avec l’Asie, avec l’Afrique et le Moyen-Orient se sont creusés. Avec l’Asie, le déficit chinois est structurel car l’industrie manufacturière chinoise est dépendante des chaînes de valeur ajoutée régionales qui lui fournissent des intrants ; en outre les pays asiatiques ont, ces dernières années, gagné des parts de marché en Chine notamment dans le secteur des biens d’équipement [1]. Les déficits de la Chine avec les pays producteurs d’énergie et de matières premières (Moyen-Orient, Afrique) se sont accrus sous l’effet de l’augmentation des quantités et surtout des prix des produits importés.
Comme la croissance chinoise est restée forte (au dessus de 9%) grâce au plan de relance mis en place fin 2008, les importations chinoises, stimulées par une vigoureuse demande intérieure, ont progressé à un rythme soutenu. Leur poids dans le commerce mondial s’est accru (de 7% à 9% entre 2007 et 2010), avec une progression particulièrement forte dans les produits primaires (de 7 à 10%) mais significative aussi dans les biens manufacturés (de 6% à 8%). L’écart qui sépare la Chine des deux principales sources de la demande mondiale que sont les Etats-Unis et l’UE s’est réduit (Graphique 3). Les économies asiatiques bénéficient du dynamisme de la demande chinoise et sont de plus en plus orientées vers ce marché. En 2010, les exportations vers la Chine atteignent 23% du PIB à Taiwan, 17% en Malaisie, 13% en Corée du sud. Dans le cas des Etats-Unis et de l’Union européenne, le poids des exportations vers la Chine a augmenté mais reste très faible (moins de 1% du PIB, contre 3% au Japon) ; C’est seulement en Allemagne qu’il a atteint de près de 2%.
Le ralentissement des exportations depuis 2007 a aussi contribué à la diminution de l’excédent commercial. Elles ont progressé beaucoup moins vite que la production chinoise mais plus vite que le commerce mondial et la Chine a continué à accroitre ses parts de marché. Son poids dans les exportations mondiales de produits manufacturés a atteint 16% en 2010, un seuil qu’ont peu franchi dans le passé les grands exportateurs.
Le rééquilibrage de la croissance chinoise vers le marché intérieur a bien eu lieu, mais le redéploiement vers la consommation des ménages est toujours incertain. Les chiffres officiels montrent que l’investissement a continué en 2011 à être plus dynamique que la consommation, dont le poids dans le PIB est en chute libre depuis dix ans (60% en 2002 ; 49% en 2007 et 47% en 2010). Néanmoins, nombre d’observateurs considèrent que ces données sous-estiment fortement les revenus et la consommation des ménages (revenus non déclarés, sous-estimation du coût des services) et surestiment les dépenses d’investissement (qui incluent les ventes de terrains). Sans remettre en question l’existence de déséquilibres, ce constat en minimise l’ampleur. Depuis quatre ans, le réajustement de la demande intérieure est peu visible, mais, grâce à sa forte croissance, la Chine a résorbé son excédent extérieur tout en renforçant sa présence sur les marchés internationaux.
Graphique 1 - Chine: exportations, importations et solde commercial en % du PIB
Source : China Statistical Yearbooks
Graphique 2 - Balances commerciales de la Chine par grandes zones en milliards de dollars
Source : Douanes chinoises
Graphique 3 – Parts dans les importations mondiales (hors commerce intra-UE), en %
* Les importations pour processing sont celles qui sont destinées à être réexportées après transformation
Sources: Douanes chinoises et OMC
Comme la croissance chinoise est restée forte (au dessus de 9%) grâce au plan de relance mis en place fin 2008, les importations chinoises, stimulées par une vigoureuse demande intérieure, ont progressé à un rythme soutenu. Leur poids dans le commerce mondial s’est accru (de 7% à 9% entre 2007 et 2010), avec une progression particulièrement forte dans les produits primaires (de 7 à 10%) mais significative aussi dans les biens manufacturés (de 6% à 8%). L’écart qui sépare la Chine des deux principales sources de la demande mondiale que sont les Etats-Unis et l’UE s’est réduit (Graphique 3). Les économies asiatiques bénéficient du dynamisme de la demande chinoise et sont de plus en plus orientées vers ce marché. En 2010, les exportations vers la Chine atteignent 23% du PIB à Taiwan, 17% en Malaisie, 13% en Corée du sud. Dans le cas des Etats-Unis et de l’Union européenne, le poids des exportations vers la Chine a augmenté mais reste très faible (moins de 1% du PIB, contre 3% au Japon) ; C’est seulement en Allemagne qu’il a atteint de près de 2%.
Le ralentissement des exportations depuis 2007 a aussi contribué à la diminution de l’excédent commercial. Elles ont progressé beaucoup moins vite que la production chinoise mais plus vite que le commerce mondial et la Chine a continué à accroitre ses parts de marché. Son poids dans les exportations mondiales de produits manufacturés a atteint 16% en 2010, un seuil qu’ont peu franchi dans le passé les grands exportateurs.
Le rééquilibrage de la croissance chinoise vers le marché intérieur a bien eu lieu, mais le redéploiement vers la consommation des ménages est toujours incertain. Les chiffres officiels montrent que l’investissement a continué en 2011 à être plus dynamique que la consommation, dont le poids dans le PIB est en chute libre depuis dix ans (60% en 2002 ; 49% en 2007 et 47% en 2010). Néanmoins, nombre d’observateurs considèrent que ces données sous-estiment fortement les revenus et la consommation des ménages (revenus non déclarés, sous-estimation du coût des services) et surestiment les dépenses d’investissement (qui incluent les ventes de terrains). Sans remettre en question l’existence de déséquilibres, ce constat en minimise l’ampleur. Depuis quatre ans, le réajustement de la demande intérieure est peu visible, mais, grâce à sa forte croissance, la Chine a résorbé son excédent extérieur tout en renforçant sa présence sur les marchés internationaux.
Graphique 1 - Chine: exportations, importations et solde commercial en % du PIB
Source : China Statistical Yearbooks
Graphique 2 - Balances commerciales de la Chine par grandes zones en milliards de dollars
Source : Douanes chinoises
Graphique 3 – Parts dans les importations mondiales (hors commerce intra-UE), en %
* Les importations pour processing sont celles qui sont destinées à être réexportées après transformation
Sources: Douanes chinoises et OMC
[1] Voir “China's Foreign Trade in the Perspective of a More Balanced Economic Growth”, Guillaume Gaulier, Françoise Lemoine, Deniz Ünal, Document de travail du CEPII N°2011-03, March 2011.