La Birmanie à l’amorce du rattrapage économique
Les statistiques sur l’économie birmane sont restreintes. Les bases de données du CEPII permettent néanmoins de dessiner le profil de son insertion internationale au fil des dernières décennies. Sortie récemment de l’isolement, son économie est sujette aux aléas conjoncturels des voisins asiatiques.
Par Deniz Ünal
L’élection de Aung San Suu Kyi comme députée lors des législatives partielles d’avril 2012 marque le début d’une période d’ouverture politique et économique pour la Birmanie, qui a connu jusque-là un demi-siècle de dictature militaire. Cette même année, l’Union européenne et les Etats-Unis ont mis fin aux sanctions économiques qu’elles exerçaient à l’encontre de ce pays qui, avec l’aide du Fonds Monétaire International, a lancé de vastes réformes macro-économiques pour établir les bases de son développement (voir FMI et Trésor, 2013).
Avec 50 millions d’habitants en 2012 selon les Nations Unies (64 millions selon le FMI), la Birmanie a une population comparable à celle de la Corée du Sud. Son revenu par habitant de 1 090 dollars courants, comparable à ceux du Viet Nam et du Cambodge, la place parmi les pays les moins avancés de l’Asie (Tableau 1). Ce revenu a enregistré une sévère divergence par rapport à la moyenne mondiale lors de la longue période de dictature qui a débuté au début des années 1960 (Graphique 1). L’adhésion en 1997 à l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), en permettant à la Birmanie d’exporter ses produits vers ses partenaires régionaux, a marqué la fin de cette divergence : alors que le revenu par Birman s’élevait, en parité de pouvoir d’achat, à seulement 14 % de celui de l’ASEAN en 1997, il a retrouvé en 2012 son niveau relatif d’il y a 50 ans (31 %, Graphique 2). Grâce à ce socle régional, la Birmanie est maintenant plus ouverte aux échanges (en moyenne 18 % du PIB en 2012) mais le poids de son commerce extérieur dans le PIB est sujet à de fortes fluctuations (Graphique 3).
La concentration de ses exportations sur un nombre très limité de produits et de partenaires est à l’origine de ces fluctuations. Les produits primaires représentent 52 % des exportations birmanes. Cette grosse moitié est constituée aux deux tiers de gaz naturel. Viennent ensuite le bois (18 %), les produits agricoles (8 %) et miniers (7 %) (Graphiques 3 et 4). La quasi-totalité des ventes énergétiques est destinée à la Thaïlande qui constitue le principal marché de la Birmanie (39 % des exportations totales, presque exclusivement dans la filière énergétique, Tableau 2). Les exportations de produits agro-alimentaires qui représentent 29 % des ventes birmanes sont principalement destinées à l’Inde (15 %) et à la Chine (6 %). Cette dernière est le principal fournisseur de la Birmanie : 40 % de ses importations en provenaient en 2011. La Birmanie achète à la Chine dans toutes les filières, particulièrement dans celles de la mécanique, des véhicules et de la métallurgie. Le poids des importations birmanes issues de Chine a doublé durant la décennie 2000. Corollaire : une sensible diminution des parts relatives des pays fournisseurs à haut revenu de la région (Singapour, Japon et Corée du Sud).
L'isolement international de la Birmanie depuis les années 1960 a mené le pays à focaliser ses relations économiques extérieures sur quelques voisins. Ces dépendances la rendent vulnérable aux chocs : sur la période 2000-2007, la Birmanie a enregistré une croissance annuelle moyenne de 12,8 %, la plus forte au sein de l’ASEAN (Tableau 1), mais, depuis la crise globale qui a fortement affecté l’économie thaïlandaise, la croissance birmane a nettement ralenti (5,1 % par an sur 2007-2012). Il n’en reste pas moins que le positionnement géographique de la Birmanie au sein de la zone la plus dynamique de l’économie mondiale est un facteur décisif de son rattrapage économique.
Avec 50 millions d’habitants en 2012 selon les Nations Unies (64 millions selon le FMI), la Birmanie a une population comparable à celle de la Corée du Sud. Son revenu par habitant de 1 090 dollars courants, comparable à ceux du Viet Nam et du Cambodge, la place parmi les pays les moins avancés de l’Asie (Tableau 1). Ce revenu a enregistré une sévère divergence par rapport à la moyenne mondiale lors de la longue période de dictature qui a débuté au début des années 1960 (Graphique 1). L’adhésion en 1997 à l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), en permettant à la Birmanie d’exporter ses produits vers ses partenaires régionaux, a marqué la fin de cette divergence : alors que le revenu par Birman s’élevait, en parité de pouvoir d’achat, à seulement 14 % de celui de l’ASEAN en 1997, il a retrouvé en 2012 son niveau relatif d’il y a 50 ans (31 %, Graphique 2). Grâce à ce socle régional, la Birmanie est maintenant plus ouverte aux échanges (en moyenne 18 % du PIB en 2012) mais le poids de son commerce extérieur dans le PIB est sujet à de fortes fluctuations (Graphique 3).
La concentration de ses exportations sur un nombre très limité de produits et de partenaires est à l’origine de ces fluctuations. Les produits primaires représentent 52 % des exportations birmanes. Cette grosse moitié est constituée aux deux tiers de gaz naturel. Viennent ensuite le bois (18 %), les produits agricoles (8 %) et miniers (7 %) (Graphiques 3 et 4). La quasi-totalité des ventes énergétiques est destinée à la Thaïlande qui constitue le principal marché de la Birmanie (39 % des exportations totales, presque exclusivement dans la filière énergétique, Tableau 2). Les exportations de produits agro-alimentaires qui représentent 29 % des ventes birmanes sont principalement destinées à l’Inde (15 %) et à la Chine (6 %). Cette dernière est le principal fournisseur de la Birmanie : 40 % de ses importations en provenaient en 2011. La Birmanie achète à la Chine dans toutes les filières, particulièrement dans celles de la mécanique, des véhicules et de la métallurgie. Le poids des importations birmanes issues de Chine a doublé durant la décennie 2000. Corollaire : une sensible diminution des parts relatives des pays fournisseurs à haut revenu de la région (Singapour, Japon et Corée du Sud).
L'isolement international de la Birmanie depuis les années 1960 a mené le pays à focaliser ses relations économiques extérieures sur quelques voisins. Ces dépendances la rendent vulnérable aux chocs : sur la période 2000-2007, la Birmanie a enregistré une croissance annuelle moyenne de 12,8 %, la plus forte au sein de l’ASEAN (Tableau 1), mais, depuis la crise globale qui a fortement affecté l’économie thaïlandaise, la croissance birmane a nettement ralenti (5,1 % par an sur 2007-2012). Il n’en reste pas moins que le positionnement géographique de la Birmanie au sein de la zone la plus dynamique de l’économie mondiale est un facteur décisif de son rattrapage économique.
Tableau 1 - Population, revenu par habitant et taux de croissance
Birmanie comparée à ses principaux partenaires régionaux
Birmanie comparée à ses principaux partenaires régionaux
2012 | 2000-12 | 2000-07 | 2007-12 | |||||
Population | PIB par tête | Taux de croissance du PIB | ||||||
millions | $ courants | $ PPA 2005 | en moyenne annuelle | |||||
Monde | 7 046 | 10 262 | 10 389 | 3,5 | 4,0 | 2,9 | ||
ASEAN* | 608 | 3 779 | 5 088 | 5,1 | 5,5 | 4,6 | ||
Indonésie | 247 | 3 626 | 4 263 | 5,4 | 5,1 | 5,9 | ||
Philippines | 97 | 2 482 | 3 731 | 4,7 | 5,0 | 4,3 | ||
Viet Nam | 89 | 1 547 | 3 125 | 7,0 | 7,7 | 5,9 | ||
Thaïlande | 70 | 5 401 | 8 036 | 4,1 | 5,1 | 2,7 | ||
Birmanie | 50 | 1 090 | 1 605 | 9,5 | 12,8 | 5,1 | ||
Malaisie | 29 | 10 411 | 14 032 | 4,6 | 5,1 | 3,9 | ||
Cambodge | 14 | 984 | 2 202 | 7,8 | 9,7 | 5,2 | ||
Laos | 6 | 1 441 | 2 575 | 7,2 | 6,8 | 7,9 | ||
Singapour | 5 | 47 174 | 53 889 | 5,3 | 5,9 | 4,4 | ||
Brunei | 0,4 | 40 861 | 45 540 | 1,5 | 2,1 | 0,7 | ||
Chine | 1 352 | 6 104 | 7 951 | 10,2 | 10,8 | 9,3 | ||
Inde | 1 258 | 1 528 | 3 351 | 7,4 | 7,7 | 6,9 | ||
Japon | 127 | 47 033 | 31 510 | 0,7 | 1,4 | -0,2 | ||
Corée du Sud | 49 | 23 431 | 28 652 | 4,0 | 4,7 | 3,0 |
*Les pays de l'ASEAN sont triés par ordre décroissant selon la taille de leur population.
Sources : CEPII, base de données CHELEM-PIB, juillet 2012 ; FMI, World Economic Outlook database, octobre 2012.
Sources : CEPII, base de données CHELEM-PIB, juillet 2012 ; FMI, World Economic Outlook database, octobre 2012.
Graphique 1 Evolution 1960-2012 du PIB par tête Birmanie en % du Monde et de l’ASEAN (prix et PPA 2005) |
Graphique 2 Taux d’ouverture 1967-2011 Moyenne des exportations et des importations de biens et services en % du PIB (prix courants) |
Sources : CEPII, base de données CHELEM-PIB-Balance des paiements, juillet 2012 ; FMI, World Economic Outlook database, octobre 2012 ; FMI, BOPs Statistics, janvier 2013.
Note : les chiffres à droite des courbes correspondent à la valeur de la dernière année.
Note : les chiffres à droite des courbes correspondent à la valeur de la dernière année.
Graphique 3 - Structure des échanges de biens et services de la Birmanie par stade de production
2000-2011, en % du total
Exportations | Importations |
Sources : CEPII, bases de données BACI et CHELEM-Balance des paiements.
Note : les chiffres à droite des courbes correspondent à la valeur de la dernière année.
Graphique 4 - Structure des échanges de biens et services de la Birmanie par filières de produits
2000-2011, en % du total
Graphique 4 - Structure des échanges de biens et services de la Birmanie par filières de produits
2000-2011, en % du total
Exportations | Importations |
Sources : CEPII, bases de données BACI et CHELEM-Balance des paiements.
Note : les chiffres à droite des courbes correspondent à la valeur de la dernière année.
Graphique 5 - Structure géographique des échanges de biens de la Birmanie
2000-2011, en % du total
Graphique 5 - Structure géographique des échanges de biens de la Birmanie
2000-2011, en % du total
Exportations | Importations |
Source : CEPII, base de données BACI.
Note : les chiffres à droite des courbes correspondent à la valeur de la dernière année.
Tableau 2 - Principaux partenaires commerciaux de la Birmanie et le contenu par filière des échanges
(2000 et 2011, % du total)
Tableau 2 - Principaux partenaires commerciaux de la Birmanie et le contenu par filière des échanges
(2000 et 2011, % du total)
Source : CEPII, base de données BACI.
Références :
FMI (2013), “Myanmar: Staff-Monitored Program”, Country Report No. 13/13, janvier.
Trésor français (2013), « La Birmanie, entre espoir et défis », Horizon ASEAN, numéro 5, février.
Trésor français (2013), « La Birmanie, entre espoir et défis », Horizon ASEAN, numéro 5, février.