Pour que la montée en gamme profite à la croissance des émergents
Les investissements directs étrangers sont souvent perçus comme favorisant la montée en gamme de la production industrielle et la croissance. Une étude du CEPII infirme ces attentes : sans l’appropriation des technologies étrangères par les entreprises domestiques, ils ont des retombées limitées.
Par Sandra Poncet, Felipe Starosta de Waldemar
Attirer des investissements directs étrangers a souvent été envisagé comme un moyen efficace pour promouvoir la montée en gamme de la production industrielle. Le premier canal est direct puisque la qualité des biens produits par les entreprises à capitaux étrangers est généralement supérieure à celle des entreprises nationales. La présence de multinationales peut aussi, par différents effets de diffusion, induire une amélioration des biens produits par les entreprises nationales. Ces arguments théoriques concernent, de la même façon, les activités d’assemblage de composants importés pour produire un bien destiné à l’exportation : en dehors de l’effet direct lié à la production de biens plus sophistiqués, l’assemblage peut générer des externalités de connaissances au sein des entreprises et entre les entreprises. Cependant, différents facteurs peuvent limiter ces retombées technologiques, en particulier dans les pays en développement, du fait d’une capacité limitée d’absorption interne ou faute d’efforts technologiques suffisants par les entreprises étrangères et nationales. Un obstacle supplémentaire vient du fait que les technologies étrangères peuvent ne pas être adaptées aux conditions économiques et sociales des pays en développement.
Les études empiriques sur les retombées des investissements directs étrangers ne conduisent pas à des conclusions tranchées. L’amélioration apparente des exportations d’un pays peut n’être qu’un mirage statistique si elle provient uniquement des progrès des entreprises étrangères ou de la qualité des composants assemblés, sans signaler une capacité accrue de production (et d’exportation) de produits plus complexes par les entreprises nationales. Dans ce cas, les externalités et les bénéfices qui en sont attendus en termes de croissance pourraient être nuls.
Les résultats obtenus dans une récente étude du CEPII [1] sur le lien entre la structure de la production et le développement économique au niveau des villes chinoises vont dans le même sens. Ils confirment la présence de gains de croissance issus de la sophistication des produits mais indiquent qu’ils ne sont pas inconditionnels. Les auteurs montrent ainsi que la complexité des produits issus d’une zone géographique donnée est un déterminant très robuste de sa croissance économique. Les résultats confirment que les localités aux structures productives axées sur des produits complexes bénéficient d’une croissance économique plus forte. Cependant, ces résultats se rapportent exclusivement aux activités des entreprises intégrées dans l’économie locale. Ils tendent à confirmer que l’appropriation domestique est essentielle pour que l’adoption de nouvelles technologies renforce la croissance.
Dans le cas de la Chine, où les autorités ont concentré les investissements étrangers et les activités de transformation dans des zones économiques spéciales dédiées aux exportations, la déconnexion structurelle et géographique entre les activités domestiques ordinaires et celles reposant sur la technologie importée et les entreprises étrangères a pu entraver la diffusion technologique. Les résultats suggèrent que ce choix délibéré, limitant l’enracinement local, a réduit les retombées potentielles et les gains de croissance provenant des activités d’assemblage et étrangères. Ce travail conduit en outre à penser qu’il est crucial de distinguer entre les différentes origines de la montée en gamme pour disposer d’un indicateur pertinent de la véritable adoption des technologies occidentales par les pays émergents et que la seule référence au volume des investissements directs étrangers ne saurait suffire.
[1] Export upgrading and growth: the prerequisite of domestic embeddedness, CEPII Working Paper, N°2012-26, October 2012. Sandra Poncet, Felipe Starosta de Waldemar
Les études empiriques sur les retombées des investissements directs étrangers ne conduisent pas à des conclusions tranchées. L’amélioration apparente des exportations d’un pays peut n’être qu’un mirage statistique si elle provient uniquement des progrès des entreprises étrangères ou de la qualité des composants assemblés, sans signaler une capacité accrue de production (et d’exportation) de produits plus complexes par les entreprises nationales. Dans ce cas, les externalités et les bénéfices qui en sont attendus en termes de croissance pourraient être nuls.
Les résultats obtenus dans une récente étude du CEPII [1] sur le lien entre la structure de la production et le développement économique au niveau des villes chinoises vont dans le même sens. Ils confirment la présence de gains de croissance issus de la sophistication des produits mais indiquent qu’ils ne sont pas inconditionnels. Les auteurs montrent ainsi que la complexité des produits issus d’une zone géographique donnée est un déterminant très robuste de sa croissance économique. Les résultats confirment que les localités aux structures productives axées sur des produits complexes bénéficient d’une croissance économique plus forte. Cependant, ces résultats se rapportent exclusivement aux activités des entreprises intégrées dans l’économie locale. Ils tendent à confirmer que l’appropriation domestique est essentielle pour que l’adoption de nouvelles technologies renforce la croissance.
Dans le cas de la Chine, où les autorités ont concentré les investissements étrangers et les activités de transformation dans des zones économiques spéciales dédiées aux exportations, la déconnexion structurelle et géographique entre les activités domestiques ordinaires et celles reposant sur la technologie importée et les entreprises étrangères a pu entraver la diffusion technologique. Les résultats suggèrent que ce choix délibéré, limitant l’enracinement local, a réduit les retombées potentielles et les gains de croissance provenant des activités d’assemblage et étrangères. Ce travail conduit en outre à penser qu’il est crucial de distinguer entre les différentes origines de la montée en gamme pour disposer d’un indicateur pertinent de la véritable adoption des technologies occidentales par les pays émergents et que la seule référence au volume des investissements directs étrangers ne saurait suffire.
[1] Export upgrading and growth: the prerequisite of domestic embeddedness, CEPII Working Paper, N°2012-26, October 2012. Sandra Poncet, Felipe Starosta de Waldemar