La Chine en panne de moteur
Au premier trimestre 2012, la croissance économique en Chine s’est nettement ralentie. En cause : le dégonflement de la bulle immobilière et le ralentissement de la demande dans les économies avancés.
Par Françoise Lemoine
Au premier trimestre 2012, la croissance économique en Chine s’est nettement ralentie. Le PIB a progressé de 8,1 %, contre 9,7 % au premier semestre 2011. La production industrielle du mois d’avril indique que la décélération de l’activité s’est encore accentuée. Il y a deux causes à ce ralentissement : à l’intérieur, le dégonflement de la bulle immobilière ; à l’extérieur, la faiblesse de la demande dans les économies avancées, et surtout en Europe principal marché de la Chine.
Depuis le printemps 2010, Pékin a pris des mesures pour lutter contre la spéculation immobilière (hausse de l’apport personnel, du coût des crédits hypothécaires) qui ont fini par faire sentir leurs effets. Au premier trimestre de cette année, les ventes immobilières ont baissé en volume d’environ 15 %, les achats de terrains par les promoteurs, comme les nouveaux projets de construction, sont aussi en baisse. Or les investissements immobiliers représentent ces dernières années environ un quart des investissements totaux du pays et ont de forts effets d’entrainement sur les industries amont (acier, ciment, matériaux de construction).
Les exportations chinoises ont connu, elles aussi, un brutal ralentissement au premier trimestre, avec une hausse de seulement de 7,6 %, en valeur, (contre 24 % l’année dernière à la même époque) et ce rythme a encore fléchi en avril (+4,9 %). Vers l’Union européenne, elles ont reculé en moyenne de 2 %. Même si la dépendance de la Chine à l’égard des marchés extérieurs a beaucoup diminué depuis 2007, les exportations représentaient encore l’année dernière plus de 25 % du PIB.
A court terme, la Chine ne peut guère compter sur une amélioration de la demande extérieure et la consommation donne des signes de ralentissement. Face à cette situation, la Banque centrale a abaissé deux fois le coefficient de réserve obligatoire des banques depuis janvier, ce qui leur permet de distribuer plus de crédits. De plus, les autorités locales ont accentué leurs pressions ces derniers mois pour que soient atténuées les restrictions qui pèsent sur les opérations immobilières, dont elles tirent des revenus substantiels. Le défi pour le gouvernement est donc de relancer la demande intérieure tout en évitant de ranimer la spéculation immobilière. Il pourrait opter pour des mesures de relance budgétaire : exemptions d’impôts aux PME, accélération des dépenses sociales pour soutenir le pouvoir d’achat, activation du programme de construction de logements sociaux pour compenser la baisse des investissements privés.
Les autorités chinoises ont laissé prévoir que la croissance en 2012 serait nettement plus basse que dans le passé, à 7,5% selon le Premier ministre. Mais, pour des raisons sociales, et donc politiques, elles ne peuvent prendre le risque de la laisser tomber en dessous de ce rythme.
Cet article a été publié dans Alternatives économiques n°314 - juin 2012
Depuis le printemps 2010, Pékin a pris des mesures pour lutter contre la spéculation immobilière (hausse de l’apport personnel, du coût des crédits hypothécaires) qui ont fini par faire sentir leurs effets. Au premier trimestre de cette année, les ventes immobilières ont baissé en volume d’environ 15 %, les achats de terrains par les promoteurs, comme les nouveaux projets de construction, sont aussi en baisse. Or les investissements immobiliers représentent ces dernières années environ un quart des investissements totaux du pays et ont de forts effets d’entrainement sur les industries amont (acier, ciment, matériaux de construction).
Les exportations chinoises ont connu, elles aussi, un brutal ralentissement au premier trimestre, avec une hausse de seulement de 7,6 %, en valeur, (contre 24 % l’année dernière à la même époque) et ce rythme a encore fléchi en avril (+4,9 %). Vers l’Union européenne, elles ont reculé en moyenne de 2 %. Même si la dépendance de la Chine à l’égard des marchés extérieurs a beaucoup diminué depuis 2007, les exportations représentaient encore l’année dernière plus de 25 % du PIB.
A court terme, la Chine ne peut guère compter sur une amélioration de la demande extérieure et la consommation donne des signes de ralentissement. Face à cette situation, la Banque centrale a abaissé deux fois le coefficient de réserve obligatoire des banques depuis janvier, ce qui leur permet de distribuer plus de crédits. De plus, les autorités locales ont accentué leurs pressions ces derniers mois pour que soient atténuées les restrictions qui pèsent sur les opérations immobilières, dont elles tirent des revenus substantiels. Le défi pour le gouvernement est donc de relancer la demande intérieure tout en évitant de ranimer la spéculation immobilière. Il pourrait opter pour des mesures de relance budgétaire : exemptions d’impôts aux PME, accélération des dépenses sociales pour soutenir le pouvoir d’achat, activation du programme de construction de logements sociaux pour compenser la baisse des investissements privés.
Les autorités chinoises ont laissé prévoir que la croissance en 2012 serait nettement plus basse que dans le passé, à 7,5% selon le Premier ministre. Mais, pour des raisons sociales, et donc politiques, elles ne peuvent prendre le risque de la laisser tomber en dessous de ce rythme.
Cet article a été publié dans Alternatives économiques n°314 - juin 2012