Points clés :

• Nous estimons un modèle économique capable de reproduire les principales caractéristiques de la transition nutritionnelle (i.e. l'évolution du régime alimentaire avec le revenu par habitant) : augmentation de la consommation de calories avec celle du revenu ; diversification des régimes alimentaires entrainant une baisse de la consommation des féculents ; augmentation de la demande de calories provenant des produits d'origine animale, des graisses et des produits à base de sucre.
• Nous utilisons ce modèle pour projeter la demande alimentaire mondiale entre 2010 et 2050.
• Nous prévoyons une augmentation de la demande mondiale de calories de 46 % à horizon 2050, résultant principalement des changements de régimes alimentaires des pays à faible et moyen revenu.
• L'utilisation de projections alternatives de populations et de revenus montre de grandes incertitudes quant à l'augmentation de la demande de calories d’origine animale (alt. végétale) allant de 78 % à 109 % (de 20 % à 42 %).

 Résumé :
L'estimation de la demande alimentaire dans les décennies à venir est d’une importance capitale pour des analyses crédibles de la sécurité alimentaire mondiale. Le processus liant les changements de régimes alimentaires à la richesse est connu sous le nom de transition nutritionnelle et présente des caractéristiques bien identifiées aidant à prédire les modifications de consommation dans les pays pauvres. Cette étude  se propose de représenter ce concept à l’aide du système de demande MAIDADS (en anglais,  « Modified Implicitly Directly Additive Demand System »), qui présentent les propriétés d’être non-homothétique et flexible en termes de revenu. Transparent et estimé statistiquement sur des données en coupe instantanée de FAOSTAT, ce système de demande capture les principales spécificités de la transition nutritionnelle : augmentation de la demande de calories associée à l’élévation du revenu des consommateurs ; baisse relative de la consommation des féculents de base dans la composition des régimes alimentaires ; et une forte augmentation de la demande de calories provenant des produits d’origine animale, des graisses et autres aliments sucrés. Nous utilisons ensuite ce modèle pour prévoir l’évolution de la demande alimentaire entre 2010 et 2050, en nous appuyant sur un ensemble de scénarii plausibles de croissance économique, adopté par la communauté des chercheurs sur le changement climatique (Shared Socioeconomic Pathways, SSP, en anglais). À horizon 2050, les principaux résultats de ces projections sont les suivants : (i) La demande alimentaire mondiale augmentera de 46 %, soit moins de la moitié de la croissance enregistrée au cours des quatre décennies précédentes ; (ii) Cette croissance sera principalement attribuable aux pays à revenu faible et intermédiaire ; (iii) La structure de la demande alimentaire mondiale changera au cours de la période, avec une augmentation de 95 % de la demande de calories d'origine animale et une augmentation beaucoup plus faible de 18% de la demande de féculents ; et (iv) L'analyse d'un ensemble de projections de populations et de revenus révèle de larges incertitudes : selon le scénario, les augmentations attendues de la demande de calories d’origine animale (resp. végétale) varient entre 78 % et 109 % (resp. entre 20 % et 42 %).

 Mots-clés : Bennett’s law | food demand | food security | nutrition transition

 JEL : D12, Q11