Les marchés agricoles ont connu en quelques années deux épisodes spectaculaires de flambée des prix. À la crise alimentaire de 2007-2008 a succédé en 2010-2011 un nouveau boom. Le Food Price Index de la FAO, qui est un indice général du niveau des prix d’un panier de biens agricoles élémentaires, permet d’analyser les tendances de long terme des prix agricoles. Alors que les prix agricoles étaient en moyenne, depuis 1990, relativement stables en valeur réelle, une augmentation de l’indice des prix s’observe à partir de 2004. Cet indice présente deux pics en 2008 et 2011 qui correspondent aux deux périodes de crise récentes. Une tendance à la hausse générale du niveau des prix s’observe donc à partir du milieu des années 2000 et a été particulièrement marquée pour le riz, le blé et le maïs (respectivement 11 %, 8 % et 8 % de croissance moyenne annuelle entre 2000 et 2011, contre – 1 %, 0 % et – 2 % entre 1990 et 2000).
Si les marchés des matières premières sont toujours très volatils, ces deux événements d’une ampleur exceptionnelle nous amènent à nous interroger sur l’origine de cette augmentation brutale des prix. Le développement des biocarburants, la financiarisation des marchés agricoles et la croissance des pays asiatiques sont généralement évoqués pour expliquer ces hausses brutales. Il est assez complexe d’identifier l’impact relatif de chacun de ces facteurs sur les prix agricoles mondiaux. Cette question est d’autant plus difficile à résoudre que les données sont souvent manquantes et que chaque produit agricole présente des structures de marché et des enjeux différents. Ainsi, les nombreuses études parues sur le sujet [rapport FAO et al., 2011 ; Abbot, Hurt et Tyner, 2008 ; Wright, 2009] ne permettent pas encore de dégager de réel consensus sur le rôle de chacun des éléments sur la flambée des cours. L’objectif de ce chapitre est de présenter et d’expliquer l’impact des différents facteurs à l’origine de la hausse des prix alimentaires ces dernières années.
Dans un premier temps, il s’agit de bien distinguer les tendances de long terme – l’augmentation du niveau général des prix agricoles – des épisodes de court terme. Nous allons voir que la rupture de tendance à partir de 2004 peut être expliquée par une forte augmentation de la demande mondiale, tandis que la production agricole restait relativement stable. Cette augmentation du niveau des prix, rendant les marchés plus sensibles aux chocs de court terme, est à l’origine de la plus forte volatilité des prix observée sur les marchés. Au-delà de ces facteurs réels, comme à chaque fois que le marché des matières premières est soumis à des tensions, les spéculateurs et les marchés dérivés sont pointés du doigt. Nous aborderons dans un second temps le problème de la financiarisation des marchés agricoles.
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Dans un premier temps, il s’agit de bien distinguer les tendances de long terme – l’augmentation du niveau général des prix agricoles – des épisodes de court terme. Nous allons voir que la rupture de tendance à partir de 2004 peut être expliquée par une forte augmentation de la demande mondiale, tandis que la production agricole restait relativement stable. Cette augmentation du niveau des prix, rendant les marchés plus sensibles aux chocs de court terme, est à l’origine de la plus forte volatilité des prix observée sur les marchés. Au-delà de ces facteurs réels, comme à chaque fois que le marché des matières premières est soumis à des tensions, les spéculateurs et les marchés dérivés sont pointés du doigt. Nous aborderons dans un second temps le problème de la financiarisation des marchés agricoles.
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