La diplomatie française avait, de longue date, fondé de grandes ambitions sur la présidence du G8 qui devait lui revenir en 2011. Avant même la crise financière, des réflexions avaient été engagées sur ce qui était alors déjà une évidence : la montée en puissance des pays émergents limitait fortement la représentativité du G8, le groupe de chefs d’État et de gouvernement créé en 1975 pour discuter des affaires mondiales. À l’origine, le projet français était d’élargir le G8 à cinq ou six représentants du monde émergent afin d’en améliorer la représentativité économique et géographique. La crise financière a précipité mais aussi contrarié ce dessein.
Associer les grands pays émergents à la recherche de solutions coopératives pour sortir de la crise financière alors à son paro-xysme fut bien l’objectif principal de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et George W. Bush à Camp David le 19 octobre 2008. Mais c’est la Maison Blanche qui décida du format final du sommet de Washington le 8 novembre 2008. C’est ainsi que furent invités tous les chefs d’État et de gouvernement du « G20 », la formation qui, depuis 1999, réunissaient les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7, de onze pays émergents (Chine, Inde, Russie, Corée, Indonésie, Mexique, Argentine, Brésil, Afrique du Sud, Turquie, Arabie saoudite), de l’Australie ainsi que la Commission européenne. C’est dans une configuration voisine (au prix de quelques subterfuges, les Pays-Bas et l’Espagne obtinrent d’être présents à ce sommet et aux suivants, sans constituer officiellement des délégations) qu’eurent lieu le sommet de Washington et les quatre suivants : Londres (avril 2009), Pittsburgh (septembre 2009), Toronto (juin 2010) et Séoul (novembre 2010). Il avait été convenu à Pittsburgh que le rythme des sommets à partir de 2011 serait annuel et que la France exercerait en 2011 une double présidence, celle du G8, prévue de longue date, et celle du G20. En 2012, ce sera le tour du Mexique de présider le G20, les États-Unis présidant le G8.
Washington et Londres ont été des sommets de crise. En novembre 2008, en pleine tourmente financière, le sommet de Washington a permis d’énoncer une volonté de coopérer, de détailler une liste de réformes à entreprendre et d’affirmer que le recours au protectionnisme n’était pas une solution à la crise. Celui de Londres a défini des orientations plus précises : les plans de soutien budgétaire ont été entérinés et appuyés et la coopération en faveur d’une meilleure régulation de la finance internationale s’est concrétisée. Depuis le sommet de Pittsburgh, en septembre 2009, le G20 n’est plus en mode de gestion de la crise, mais en mode de pilotage de l’économie mondiale. Les travaux sont laborieux. Les décisions sont prises par consensus alors que chaque pays est moins prêt à faire des concessions. Au final, les résultats sont limités par rapport aux ambitions affichées et à la solennité de l’événement, qui contribuent à créer des attentes fortes. La présidence canadienne a déçu. Le sérieux et la qualité du travail de la présidence coréenne ont certes été salués mais les résultats du sommet de Séoul restent modestes.
Le défi de Cannes pour les autorités françaises sera donc d’obtenir que des progrès visibles soient réalisés sur les thèmes sur lesquels le G20 travaille depuis les premiers sommets de 2008-2009 (les déséquilibres mondiaux et la régulation financière) et sur les priorités qu’elles ont décidé d’y ajouter : la réforme du système monétaire international et la stabilisation des prix des matières premières et des hydrocarbures.
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