Les économies d'Afrique du Nord
Agnès Chevallier
Agnès Chevallier
Jusqu’en janvier 2011, l’immobilisme à la tête des États d’Afrique du Nord contrastait avec la vigueur du changement social. La forte diminution de la taille des familles et l’élévation du niveau d’éducation modifiaient en effet profondément les aspirations des jeunes générations. Mais le décalage entre leur formation et la nature des emplois offerts, l’inégalité dans l’accès aux emplois et le chômage ont créé un sentiment de frustration d’autant plus grand que le revenu moyen des pays s’élevait. L’explosion tunisienne a entraîné celle de l’Égypte et retentit dans tout le monde arabe. Les soulèvements populaires qui sont parvenus en Tunisie puis en Égypte à renverser la tête de l’État ont une résonance mondiale.
À court terme, le choc négatif sur l’activité économique est important. Les conditions dans lesquelles de nouveaux systèmes politiques vont se mettre en place et de nouvelles forces accéder au pouvoir vont déterminer celles de la reprise. À moyen terme, les bouleversements en cours pourraient libérer le potentiel de croissance et conduire à une appréhension plus stratégique des défis essentiels des prochaines années, notamment ceux posés par le changement climatique. L’objet de ce chapitre est de fournir quelques points de repères sur les quatre pays d’Afrique du Nord, les trois pays du Maghreb central – Algérie, Maroc, Tunisie – et l’Égypte, qui entrent dans la catégorie des pays en développement à revenu intermédiaire. Nous laisserons hors du champ de cette présentation la Libye, pays à revenu élevé qui, avec des recettes pétrolières représentant 58 % du PIB et 90 % des recettes de l’État, s’apparente davantage aux économies pétrolières du Golfe.
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