Le partage, entre actionnaires et salariés, de la richesse créée par les entreprises fait actuellement l’objet de débats. En témoignent les polémiques suscitées par le rapport CAC 40 : des profits sans partage publié par l’Oxfam en mai 2018. Ce rapport dénonçait l’augmentation des rémunérations des actionnaires en France depuis la crise financière globale. Entre 2009 et 2016, ces entreprises ont distribué 67 % de leurs bénéfices aux actionnaires, ne laissant plus que 27 % pour l’investissement et 5 % de primes pour les salariés. En 2014, dans un article publié dans la Harvard Business Review, William Lazonick faisait un constat similaire pour les entreprises du S&P 500, l’équivalent du CAC 40 aux États-Unis. Les entreprises américaines distribuaient alors 91 % de leurs bénéfices aux actionnaires, ne laissant que 9 % pour l’investissement et les primes aux salariés. En cause, une stratégie des entreprises de plus en plus centrée sur la valeur actionnariale, telle que des profits plus importants ne bénéficient qu’à un petit nombre d’actionnaires et ne permettent pas une prospérité partagée dans la société.
Comment le partage de la richesse a-t-il évolué dans les pays européens et aux États-Unis depuis les années 1980 ? Quels en sont les déterminants ? Ces deux questions sont cruciales en matière d’inégalités et de justice sociale. Y répondre implique toutefois d’aller au-delà de l’examen du partage des profits sur lequel se concentraient les études d’Oxfam et de William Lazonick.
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