CEPII, Recherche et Expertise sur l'economie mondiale
Capitalisme : les mutations d’un système de pouvoirs


Michel Aglietta

Le capitalisme est une force de transformation de la nature et des sociétés humaines. Sa puissance d’expansion, faire de l’argent avec l’argent, n’a pas de limites prédéfinies. L’inégalité est son essence car l’accumulation de l’argent est la source du pouvoir privé sur autrui et la recherche du pouvoir est insatiable. Cette logique d’expansion de l’argent pour lui-même repose sur l’institution du travail monnayé dans les espaces nationaux. Mais son organisation dominante, la finance, par sa logique d’expansion lui confère une dimension mondiale.
Les inégalités produites par le capitalisme s’étalent à la fois dans et entre les nations. À l’intérieur des nations, elles proviennent des rapports structurants qui le constituent. Elles ne peuvent être maîtrisées que par des contre-pouvoirs collectifs régulant les revenus et par des politiques actives de redistribution. Entre les nations, elles résultent du déploiement mondial de la finance. La logique d’accumulation du capital dirige l’activité économique dans tous les pays qui forment l’espace économique mondial. Elle le fait en exerçant des rapports asymétriques de pouvoir inhérents à la concentration de la finance. La prépondérance de la finance s’exerce selon une dynamique spécifique : le cycle financier. Ce processus, exacerbé dans les trois dernières décennies, a créé des disparités de niveaux et de modes de vie grandissantes, mais aussi
des crises financières récurrentes.
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 L'économie mondiale 2018
La Découverte, 2017
pp.24-41

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