En dépit de la récession qui a suivi la crise de 2007, le PIB mondial a plus que doublé depuis 1990. Cette forte croissance s’explique en partie par le rattrapage de la Chine et d’autres grands pays émergents, mais également par des progrès technologiques extraordinaires, notamment dans les domaines de la communication et de l’information. C’est à cet égard une période de changements majeurs pour les pays industrialisés, car à mesure qu’apparaissent de nouveaux produits et de nouvelles industries, d’autres secteurs doivent s’adapter ou périclitent. Si la mondialisation et le progrès technologique font des gagnants qui bénéficient de nouvelles opportunités d’emplois et d’un choix plus large de consommation, ils font aussi des perdants, en proie à un sentiment d’impuissance et d’insécurité. Ces peurs font le lit des populismes actuels, dont les projets de fermeture et de repli risquent pourtant d’aggraver la situation des plus fragiles. Alors que, à la fin du xixe siècle, le progrès technique était accusé de remplacer l’homme par la machine, c’est aujourd’hui la mondialisation qui est jugée coupable de détruire des emplois. Ces destructions d’emplois seraient-elles moindres sans la mondialisation des échanges ? Cela n’est pas si sûr car l’adoption de nouvelles technologies, la numérisation ou l’automatisation dans l’industrie, en améliorant la productivité, permettent de produire plus avec moins de travailleurs et, ce faisant, transforment la structure de l’emploi. Le fait est cependant que progrès technologique et mondialisation se renforcent mutuellement. La baisse des coûts des technologies de l’information et de la communication, en accélérant la division internationale des processus productifs et donc du travail, peut avoir eu des conséquences sur l’emploi et les inégalités, tout comme l’apparition du World Wide Web en 1992, qui a contribué au renforcement des spécialisations de certaines économies dans les industries de services. À l’heure d’une profonde remise en question de la mondialisation et d’un retour en force des thèses protectionnistes, quel bilan peut-on dresser des effets de la technologie et de la mondialisation sur l’emploi ? L’emploi est-il amené, avec le progrès technique, à disparaître ?
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