Russie : l'étroit chemin des réformes
Sébastien Barbé
Sébastien Barbé
La Russie est sortie de la récession en 2016, mais pourrait entrer dans une période de croissance très faible, à cent lieues des taux de croissance stratosphériques enregistrés au début de la décennie passée. Bien que l’essoufflement du modèle économique russe soit largement reconnu par les élites économiques et politiques, la réponse du pouvoir est restée plus politique qu’économique. Elle a combiné un policy-mix orthodoxe avec une reprise en main politique en interne et une affirmation de la souveraineté russe au plan international. On peut douter de la soutenabilité de cette réponse et se demander si la stagnation est véritablement une option, sachant que la politique récente n’a pas empêché la précarisation de la classe moyenne, évolution potentiellement porteuse de difficultés sociopolitiques. Sur le papier, certaines des réformes nécessaires pour diversifier l’économie, soutenir l’investissement et augmenter la croissance potentielle sont bien identifiées. Cependant, en pratique, leur mise en place se heurte à de sérieux obstacles qui tiennent à la structure du capitalisme russe, à des dysfonctionnements institutionnels ainsi qu’à des problèmes d’incitations. À moins d’une volonté politique forte, d’une pression populaire conséquente ou d’un prix du pétrole durablement bas qui compromettrait la rente pétrolière, la voie des réformes russes paraît bien étroite.
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