Hong Kong : 10ème ou 70ème exportateur mondial ?
Les exportations de Hong Kong représentent-elles 3 % du commerce mondial ou seulement 0,1 % ? Tout dépend si l'on prend en compte ou non les réexportations, qui constituent 95 % de ses exportations.
Par Alix de Saint Vaulry
Dans les statistiques communément disponibles [1], les exportations de Hong Kong se montent, en 2012, à 493 milliards de dollars US, soit 2,7 % du total mondial (18 325 milliards de dollars) [2]. Mais les exportations dites domestiques de Hong Kong n'atteignent que 22 milliards (0,12 % du total mondial) [3], le reste (471 milliards) étant constitué de réexportations. Ainsi, suivant le cas, Hong Kong apparaît au 10ème rang des exportateurs mondiaux (juste derrière l'Italie et devant le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique, Singapour...) ou au 70ème rang (après l'Équateur et devant le Maroc).
La Division statistique des Nations Unies (Comtrade) définit les réexportations comme les exportations de produits étrangers dans le même état que préalablement importés, c'est-à-dire n’ayant pas subi de processus modifiant de façon permanente leur forme, leur nature ou leur utilité. A Hong Kong, le phénomène n'est pas nouveau, mais les réexportations ont décollé au début des années 1980, elles ont dépassé les exportations domestiques en 1988. Elles ont atteint 2,8 % du commerce mondial en 1993 et se sont depuis maintenues autour de 2,4 % à 2,9 % (crise de 2008 exceptée). Elles constituent dans les années 2010 plus de 95 % des exportations de Hong Kong (graphique 1).
Ainsi, seulement 28 % des importations ont été "retenues" à Hong Kong, le reste faisant l’objet de réexportations, avec une marge, estimée par enquête, allant de 5 % à 30 % suivant le type de produits[4].
D'où viennent et où vont ces produits réexportés ? Majoritairement de Chine et vers la Chine (graphiques 2). Au lieu de produire sur son territoire, Hong Kong a massivement investi en Chine [5] ; le "made in Hong Kong" a été remplacé par le "shipped through Hong Kong" [6].
La Chine est également le principal débouché des exportations domestiques de Hong Kong (44 % en 2012, suivie des États-Unis, 12 %, et de la Suisse, 5 %).
La composition des flux est très différente. Les exportations domestiques sont constituées au deux tiers d'or non monétaire (14,8 milliards de dollars sur 22,3 en 2012). Les réexportations sont pour une large part constituées de téléphones portables, d'ordinateurs et de composants électroniques. 40 % sont des biens de capital, 33 % des biens primaires et intermédiaires et 26 % des biens de consommation.
Pour éviter de compter deux fois les exportations d'autres pays passant par Hong Kong avant d'être réexportées, le CEPII a dès 1993 retiré ces flux (les importations non retenues et les réexportations correspondantes) des statistiques commerciales de Hong Kong dans la base de données CHELEM - Commerce International [7]. Ces flux sont affectés à leurs pays d'origine et de destination finale. Il est possible de le faire car Hong Kong a des statistiques de réexportations détaillées par produits, pays de destination et pays d'origine.
Des corrections similaires sont effectuées pour d'autres pays comme Singapour et la Chine, mais l'ensemble de ces autres corrections atteint tout juste les 2,5 % à 3 % du commerce mondial... autant que la seule correction des flux de Hong Kong.
Alors, 0,1 % ou 3 % du commerce mondial ? 3 % si on s'intéresse aux mouvements de marchandises et aux coûts de transport. 0,1 % pour le commerce domestique de Hong Kong et les analyses de compétitivité.
La Division statistique des Nations Unies (Comtrade) définit les réexportations comme les exportations de produits étrangers dans le même état que préalablement importés, c'est-à-dire n’ayant pas subi de processus modifiant de façon permanente leur forme, leur nature ou leur utilité. A Hong Kong, le phénomène n'est pas nouveau, mais les réexportations ont décollé au début des années 1980, elles ont dépassé les exportations domestiques en 1988. Elles ont atteint 2,8 % du commerce mondial en 1993 et se sont depuis maintenues autour de 2,4 % à 2,9 % (crise de 2008 exceptée). Elles constituent dans les années 2010 plus de 95 % des exportations de Hong Kong (graphique 1).
Ainsi, seulement 28 % des importations ont été "retenues" à Hong Kong, le reste faisant l’objet de réexportations, avec une marge, estimée par enquête, allant de 5 % à 30 % suivant le type de produits[4].
D'où viennent et où vont ces produits réexportés ? Majoritairement de Chine et vers la Chine (graphiques 2). Au lieu de produire sur son territoire, Hong Kong a massivement investi en Chine [5] ; le "made in Hong Kong" a été remplacé par le "shipped through Hong Kong" [6].
La Chine est également le principal débouché des exportations domestiques de Hong Kong (44 % en 2012, suivie des États-Unis, 12 %, et de la Suisse, 5 %).
La composition des flux est très différente. Les exportations domestiques sont constituées au deux tiers d'or non monétaire (14,8 milliards de dollars sur 22,3 en 2012). Les réexportations sont pour une large part constituées de téléphones portables, d'ordinateurs et de composants électroniques. 40 % sont des biens de capital, 33 % des biens primaires et intermédiaires et 26 % des biens de consommation.
Pour éviter de compter deux fois les exportations d'autres pays passant par Hong Kong avant d'être réexportées, le CEPII a dès 1993 retiré ces flux (les importations non retenues et les réexportations correspondantes) des statistiques commerciales de Hong Kong dans la base de données CHELEM - Commerce International [7]. Ces flux sont affectés à leurs pays d'origine et de destination finale. Il est possible de le faire car Hong Kong a des statistiques de réexportations détaillées par produits, pays de destination et pays d'origine.
Des corrections similaires sont effectuées pour d'autres pays comme Singapour et la Chine, mais l'ensemble de ces autres corrections atteint tout juste les 2,5 % à 3 % du commerce mondial... autant que la seule correction des flux de Hong Kong.
Alors, 0,1 % ou 3 % du commerce mondial ? 3 % si on s'intéresse aux mouvements de marchandises et aux coûts de transport. 0,1 % pour le commerce domestique de Hong Kong et les analyses de compétitivité.
Graphique 1 - Commerce de Hong Kong 1962-2012, en % du commerce mondial Source : base Comtrade de l'ONU (CNUCED pour le commerce mondial). |
Graphiques 2 - Réexportations de Hong Kong en 2012 par origine et par destination Source : Hong Kong Monthly Digest of Statistics, May 2013. |
[1] Organisations internationales, notamment : ONU, CNUCED, OCDE...
[2] Base de données UnctadStat de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) du 11 avril 2013.
[3] Source : Census and Statistics Department, Hong Kong Special Administrative Region.
[4] Hong Kong Monthly Digest of Statistics, May 2013, Census and Statistics Department, Hong Kong Special Administrative Region.
[5] "Chine - Hong Kong : le dragon à deux têtes", de Françoise Lemoine, Alix de Saint Vaulry et Mouhamadou Dramé (CEPII), dans la revue du CEPII Economie Internationale n° 57, 1er trimestre 1994, pp 63-98.
[6] "Re-exports: international comparison and implications for performance indicators", de Martin Mellens (CPB Netherlands), STD/NAES/TASS/ITS(2007)10 de l'OCDE.
[7] http://www.cepii.fr/CEPII/fr/bdd_modele/presentation.asp?id=17. Voir aussi : "Base de données CHELEM - commerce international du CEPII", d'Alix de Saint Vaulry, Document de travail 2008-09 du CEPII, juin 2008.