Le bitcoin, innovation véritable, mirage...
... ou arnaque potentielle et refuge d’opérations illégales ?
Par Jean-Pierre Patat
Le bitcoin est une monnaie virtuelle créée en 2009 par plusieurs informaticiens dissimulés derrière le pseudonyme de Satashi Nakamoto.
Pour payer en bitcoins, il faut télécharger un logiciel (gratuit). Les transactions, sur internet, sont anonymes et gratuites. L’émission se fait sans banques ni crédits, institutions et sources traditionnelles de la création monétaire, de façon totalement décentralisée, sous forme de « primes » attribuées aux membres du réseau. Le propriétaire de l’ordinateur qui génère le premier un code crypté permettant de valider une transaction reçoit 25 bitcoins.
Une originalité du système est que, dès le début, le montant de l’émission de bitcoins a été plafonné, à 21 millions de bitcoins. À ce jour 12 millions ont été émis. Des chiffres qui paraissent importants, mais ne doivent toutefois pas faire illusion. La montant quotidien des transactions dans cette « monnaie » n’est que de quelques millions d’euros, contre 42 milliards de paiements rien qu’en France.
Un autre caractéristique, ce qui pour une monnaie est plutôt une faiblesse, est que son cours d’échange contre les devises existantes est extrêmement volatil. Certes, les taux de change des devises ne sont pas stables, mais n’atteignent tout de même pas la volatilité du cours du bitcoin : 0,025 euro en avril 2010, 860 euros début décembre 2013, 500 euros en fin de mois. Le bitcoin obéit ainsi aux logiques habituelles des marchés, avec ses rumeurs, ses espoirs et ses bobards, mais de manière très amplifiée. Peu avant Noël, il perd en 24 heures la moitié de sa valeur après l’annonce par les autorités chinoises de mesures pour endiguer la spéculation. Se greffent des risques de défaillances techniques ; ainsi, en avril 2013, le cours subit une sévère correction suite à la défaillance d’un site et des ventes en panique.
A priori, difficile de se faire un jugement sur un concept qui ne suscite pas des appréciations unanimes des spécialistes monétaires : la Banque de France et la Banque de Chine mettent en garde contre. Mais Bernanke estime qu’il s’agit d’un concept « intéressant » (sans toutefois préciser pourquoi). Plusieurs analystes crient bravo à cette initiative qui permettrait d’échapper à la rapacité des banques. Mais ces transactions anonymes et hors de tout contrôle prêtent le flanc aux suspicions d’utilisations criminelles.
N’importe qui peut en principe créer sa propre monnaie. Moi-même je peux signer des papiers assurant que je réglerai les dépenses de tout détenteur d’un de ces papiers, détenteurs qui peuvent s’échanger lesdits écrits, créant ainsi une circulation autonome, limitée évidemment à un petit cercle d’intimes. À une échelle beaucoup plus vaste et opérationnelle, la BNP, lorsqu’elle accorde des crédits et remet des carnets de chèques à ses clients, émet sa propre monnaie, comme le font la Société Générale ou d’autres banques. Le problème est que si un de mes amis, détenteur d’un de mes généreux papiers, veut un jour sortir du cercle restreint, il aura des difficultés à convaincre sa caissière de supérette d’accepter ce papier en règlement. Il se tournera alors vers moi pour que je lui échange cet engagement contre de l’argent liquide ou contre un virement bancaire. De même, les clients de la BNP vont sortir du circuit BNP et émettre des chèques à l’ordre de clients d’autres banques. On pourrait imaginer que monnaie BNP et monnaie SG s’échangent librement sur un marché, à des prix variables selon la conjoncture, les rumeurs, la situation financière de tel ou tel établissement. C’est en pratique ce que l’on voit pour les taux d’échange des bitcoins en devises. L’existence de la banque centrale, qui accepte d’ouvrir un compte à la BNP, à la Société Générale et à d’autres, et de gérer les échanges entre ces comptes, confère, aux yeux du public, sa garantie à ces établissements en même temps qu’elle assure la fluidité des règlements sur une base de « cours d’échanges » totalement fixes.
Le système bitcoin, avec ses variations extrêmes de cours contre devises, illustre, jusqu’à la caricature, le problème d’un système de paiement, créé ex nihilo mais ne pouvant fonctionner qu’en vase clos, et dont on ne peut sortir qu’à ses risques et périls, car ne bénéficiant pas de l’apport, inestimable pour l’économie et le lien social, d’un organisme fédérateur dont le concours vaut label de confiance.
En effet, toute monnaie, pour jouer le rôle d’une monnaie, doit remplir deux conditions : inspirer une confiance sans faille ; que l’on puisse la convertir aisément en d‘autres monnaies.
On apprend aujourd’hui que le site bitcoin MtGox de Tokyo a fermé (en tout cas, il ne produit plus qu’une page blanche). Le cours du bitcoin, à 100 euros, a, en quelques heures, été divisé par 7 par rapport à son niveau de janvier.
Pour payer en bitcoins, il faut télécharger un logiciel (gratuit). Les transactions, sur internet, sont anonymes et gratuites. L’émission se fait sans banques ni crédits, institutions et sources traditionnelles de la création monétaire, de façon totalement décentralisée, sous forme de « primes » attribuées aux membres du réseau. Le propriétaire de l’ordinateur qui génère le premier un code crypté permettant de valider une transaction reçoit 25 bitcoins.
Une originalité du système est que, dès le début, le montant de l’émission de bitcoins a été plafonné, à 21 millions de bitcoins. À ce jour 12 millions ont été émis. Des chiffres qui paraissent importants, mais ne doivent toutefois pas faire illusion. La montant quotidien des transactions dans cette « monnaie » n’est que de quelques millions d’euros, contre 42 milliards de paiements rien qu’en France.
Un autre caractéristique, ce qui pour une monnaie est plutôt une faiblesse, est que son cours d’échange contre les devises existantes est extrêmement volatil. Certes, les taux de change des devises ne sont pas stables, mais n’atteignent tout de même pas la volatilité du cours du bitcoin : 0,025 euro en avril 2010, 860 euros début décembre 2013, 500 euros en fin de mois. Le bitcoin obéit ainsi aux logiques habituelles des marchés, avec ses rumeurs, ses espoirs et ses bobards, mais de manière très amplifiée. Peu avant Noël, il perd en 24 heures la moitié de sa valeur après l’annonce par les autorités chinoises de mesures pour endiguer la spéculation. Se greffent des risques de défaillances techniques ; ainsi, en avril 2013, le cours subit une sévère correction suite à la défaillance d’un site et des ventes en panique.
A priori, difficile de se faire un jugement sur un concept qui ne suscite pas des appréciations unanimes des spécialistes monétaires : la Banque de France et la Banque de Chine mettent en garde contre. Mais Bernanke estime qu’il s’agit d’un concept « intéressant » (sans toutefois préciser pourquoi). Plusieurs analystes crient bravo à cette initiative qui permettrait d’échapper à la rapacité des banques. Mais ces transactions anonymes et hors de tout contrôle prêtent le flanc aux suspicions d’utilisations criminelles.
N’importe qui peut en principe créer sa propre monnaie. Moi-même je peux signer des papiers assurant que je réglerai les dépenses de tout détenteur d’un de ces papiers, détenteurs qui peuvent s’échanger lesdits écrits, créant ainsi une circulation autonome, limitée évidemment à un petit cercle d’intimes. À une échelle beaucoup plus vaste et opérationnelle, la BNP, lorsqu’elle accorde des crédits et remet des carnets de chèques à ses clients, émet sa propre monnaie, comme le font la Société Générale ou d’autres banques. Le problème est que si un de mes amis, détenteur d’un de mes généreux papiers, veut un jour sortir du cercle restreint, il aura des difficultés à convaincre sa caissière de supérette d’accepter ce papier en règlement. Il se tournera alors vers moi pour que je lui échange cet engagement contre de l’argent liquide ou contre un virement bancaire. De même, les clients de la BNP vont sortir du circuit BNP et émettre des chèques à l’ordre de clients d’autres banques. On pourrait imaginer que monnaie BNP et monnaie SG s’échangent librement sur un marché, à des prix variables selon la conjoncture, les rumeurs, la situation financière de tel ou tel établissement. C’est en pratique ce que l’on voit pour les taux d’échange des bitcoins en devises. L’existence de la banque centrale, qui accepte d’ouvrir un compte à la BNP, à la Société Générale et à d’autres, et de gérer les échanges entre ces comptes, confère, aux yeux du public, sa garantie à ces établissements en même temps qu’elle assure la fluidité des règlements sur une base de « cours d’échanges » totalement fixes.
Le système bitcoin, avec ses variations extrêmes de cours contre devises, illustre, jusqu’à la caricature, le problème d’un système de paiement, créé ex nihilo mais ne pouvant fonctionner qu’en vase clos, et dont on ne peut sortir qu’à ses risques et périls, car ne bénéficiant pas de l’apport, inestimable pour l’économie et le lien social, d’un organisme fédérateur dont le concours vaut label de confiance.
En effet, toute monnaie, pour jouer le rôle d’une monnaie, doit remplir deux conditions : inspirer une confiance sans faille ; que l’on puisse la convertir aisément en d‘autres monnaies.
On apprend aujourd’hui que le site bitcoin MtGox de Tokyo a fermé (en tout cas, il ne produit plus qu’une page blanche). Le cours du bitcoin, à 100 euros, a, en quelques heures, été divisé par 7 par rapport à son niveau de janvier.