Allemagne : le modèle social ébranlé
Audio du 23 novembre 2022 - Dans les médias
00:58:15
Avec
- Thomas Grjebine économiste au CEPIItravaille sur les effets de la fiscalité et sur les cycles immobiliers.
- Brigitte Lestrade Professeur émérite de civilisation allemande contemporaine à l’Université de Cergy-Pontoise
- José Reis Professeur d’économie à l’université de Coimbra
La « solidarité nationale » pour passer l’hiver, comme on l'appelle en Allemagne, consiste à la fois en des mesures d’urgence pour plafonner les prix de l’énergie, dans un pays jusque-là très dépendant au gaz russe et en l’augmentation du salaire minimum légal à 12 euros de l’heure. C’était une promesse de campagne du Premier ministre social-démocrate Olaf Scholz mais c’est surtout ce qu’impose aujourd’hui l’urgence sociale : en Allemagne l’inflation atteignait 10% en octobre, dans un pays où 7 millions de personnes vivent de « mini-jobs ». Cet interventionnisme du gouvernement bouscule le modèle allemand qui laisse habituellement les syndicats et le patronat discuter entre eux. Il ne suffit néanmoins pas à rasséréner un climat social tendu marqué par de nombreuses grèves du secteur aérien au secteur social en passant par le cœur de la puissance industrielle allemande : l’automobile et la métallurgie. Les salariés y demandent des augmentations de salaire. Ce nouveau modèle délaisse aussi pour l’instant toute une frange des nouveaux précaires allemands des années Schröder, entre retraités pauvres et femmes au foyer...
Comment la première économie d’Europe peut-elle encaisser le choc inflationniste ? L’inhabituel interventionnisme de l’État peut-il redéfinir le modèle social allemand ?
"Depuis des décennies, il n'y jamais eu une telle hausse des prix en Allemagne. Même dans les années 70, l'inflation s'élevait à 5% environ. Or aujourd'hui elle tourne plutôt autour de 10%. Il y a un traumatisme allemand vis-à-vis de l'inflation issu de 3 causes : l'hyperinflation de la république de Weimar datant de 1923, le vieillissement très fort de la population - un retraité étant beaucoup plus sensible à une hausse des prix car leurs retraites ne sont pas indexées sur l'inflation - et pour finir la crise du modèle industriel allemand qui est très lié à la modération salariale depuis la fin de la Seconde guerre mondiale", explique Thomas Grjebine.
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