Le Canada et Bombardier, premières victimes de la guerre commerciale menée par l’administration Trump
Alors que les entreprises américaines ont entendu l’appel à la politique protectionniste de l’administration Trump, les recours aux instruments de défense commerciale (antidumping, antisubventions) se multiplient. Boeing en fait aujourd’hui la démonstration dans sa plainte contre son concurrent canadien Bombardier.
Par Jean-François Boittin
Billet du 28 septembre 2017
Alors que les grandes initiatives de l’administration Trump sur le plan commercial n’avancent guère (enquête –section 232– au nom de la sécurité nationale sur l’acier, enquête sur les pratiques chinoises en matière de piraterie de la propriété intellectuelle), les initiatives plus limitées de recours aux instruments de défense commerciale (antidumping, antisubventions) se multiplient : les entreprises ont compris le message présidentiel, et savent qu’elles bénéficieront de l’écoute attentive de l’administration.
Boeing en fait aujourd’hui la démonstration : sa plainte contre son concurrent canadien Bombardier et les ventes de la série C –transport régional– vient d’être complètement validée par les équipes du Département du Commerce, qui ont calculé une subvention de 219,63 % (admirons la précision du calcul), que les douanes américaines peuvent percevoir dès aujourd’hui. C’est le début d’une longue procédure, puisque le même Département du Commerce doit déterminer d’ici au 5 octobre une marge de dumping (le suspense n’est pas de mise, on en trouvera une), avant que l’International Trade Commission ne se prononce sur l’existence ou non d’un dommage subi par le plaignant, Boeing.
L’annonce du Département du Commerce n’est pas surprenante : l’objectivité de l’institution n’est pas très différente de celle de l’appareil de justice stalinien à la grande époque des procès de Moscou, mais néanmoins intéressante dans un contexte où :
Boeing en fait aujourd’hui la démonstration : sa plainte contre son concurrent canadien Bombardier et les ventes de la série C –transport régional– vient d’être complètement validée par les équipes du Département du Commerce, qui ont calculé une subvention de 219,63 % (admirons la précision du calcul), que les douanes américaines peuvent percevoir dès aujourd’hui. C’est le début d’une longue procédure, puisque le même Département du Commerce doit déterminer d’ici au 5 octobre une marge de dumping (le suspense n’est pas de mise, on en trouvera une), avant que l’International Trade Commission ne se prononce sur l’existence ou non d’un dommage subi par le plaignant, Boeing.
L’annonce du Département du Commerce n’est pas surprenante : l’objectivité de l’institution n’est pas très différente de celle de l’appareil de justice stalinien à la grande époque des procès de Moscou, mais néanmoins intéressante dans un contexte où :
- Boeing n’offre pas de concurrents directs à Bombardier sur ce segment;
- plusieurs élus sont intervenus pour défendre Bombardier, qui utilise des composants américains et affirme créer des milliers d’emplois aux États-Unis;
- les compagnies américaines de transport aérien, Delta et Jet Blue, clientes de Bombardier, dénoncent une initiative qui aura un impact direct sur le consommateur (augmentation des prix des billets d’avion);
- le Canada et la Grande Bretagne –les ailes de la série C sont produites en Irlande du Nord– se font les avocats de Bombardier : Theresa May a soulevé le problème dans un entretien avec le Président Trump en marge des Nations-Unies, et Justin Trudeau menace de ne pas acheter les chasseurs Super Hornets de Boeing en représailles.
A défaut d’un « grand soir », cette annonce marque le début d’une phase de guérilla, que les équipes américaines vont mener allègrement, à moins que les pays tiers ne fassent front, en utilisant tant les rétorsions bilatérales que les recours à l’OMC.
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