Le grand basculement des pouvoirs économiques : les projections du CEPII pour l’économie mondiale à l’horizon 2050
Le CEPII présente ses projections de croissance pour l’économie mondiale à l’horizon 2050. La Chine pourrait représenter 33% de l’économie mondiale en 2050, soit autant que l’Union Européenne (12%), les Etats-Unis (9%), l’Inde (8%) et le Japon (5%) réunis.
Par Agnès Bénassy-Quéré, Lionel Fontagné, Jean Fouré
Billet du 10 février 2012
Il est toujours tentant d’extrapoler les taux de croissance observés pour imaginer comment l’économie mondiale pourrait se transformer au cours des décennies à venir. Avec un taux de croissance de 8% par an pendant quarante ans, l’économie chinoise serait multipliée par 21 à l’horizon 2050 tandis qu’une Europe croissant à 2% par an ne verrait sa taille augmenter que de 121%. Ce type de calcul de coin de table, fondé sur le prolongement des tendances passées, peut cependant s’avérer largement trompeur.
Dans ses derniers travaux de projections, le CEPII propose un scénario de croissance de long terme pour 147 pays à l’horizon 2050 à l’aide du modèle MaGE (Macroeconometrics of the Global Economy). Le modèle est fondé sur une fonction de production à trois facteurs (capital, travail et énergie) et deux formes de progrès technique. Les auteurs utilisent les projections démographiques de l’ONU et de l’OIT ainsi que différentes estimations économétriques (sur les taux d’épargne, le lien entre épargne et investissement, l’éducation, les taux de participation féminins, l’efficacité énergétique et le progrès technique.)
Ce scénario apporte plusieurs améliorations à la littérature existant dans ce domaine :
Dans ses derniers travaux de projections, le CEPII propose un scénario de croissance de long terme pour 147 pays à l’horizon 2050 à l’aide du modèle MaGE (Macroeconometrics of the Global Economy). Le modèle est fondé sur une fonction de production à trois facteurs (capital, travail et énergie) et deux formes de progrès technique. Les auteurs utilisent les projections démographiques de l’ONU et de l’OIT ainsi que différentes estimations économétriques (sur les taux d’épargne, le lien entre épargne et investissement, l’éducation, les taux de participation féminins, l’efficacité énergétique et le progrès technique.)
Ce scénario apporte plusieurs améliorations à la littérature existant dans ce domaine :
- Il accorde un traitement particulier à l’énergie, considérée comme contrainte sur la production et comme source de rente pour les pays producteurs.
- La relation entre épargne et investissement retenue tient compte de l’imparfaite mobilité internationale des capitaux.
- Les auteurs séparent explicitement la croissance réelle des variations de prix relatifs.
- Enfin, pour prendre en compte l’impact de la crise de 2008-2009, les auteurs prennent en compte les projections du Fonds Monétaire International pour les années 2010 à 2012 et ne démarrent leur projection qu’en 2013.
Les résultats montrent que les économies chinoise et indienne pourraient toutes deux être multipliées par 8 entre 2008 et 2050, à prix constants, tandis que les économies américaine et européenne augmenteraient de seulement 80%-90%. En tenant compte du rattrapage progressif des prix par rapport au niveau actuel des prix américains, les économies chinoise et indienne seraient multipliées respectivement par 18 et 16. Ainsi, la Chine pourrait représenter 33% de l’économie mondiale en 2050, soit autant que l’Union Européenne (12%), les Etats-Unis (9%), l’Inde (8%) et le Japon (5%) réunis. La Chine dépasserait les Etats-Unis vers 2020 (vers 2040 à prix relatifs constants). Cependant, en termes de niveaux de vie mesurés par le PIB par habitant en standard de pouvoir d’achat, la Chine serait encore 10% derrière les Etats-Unis à l’horizon 2050. Enfin, à compter de 2040 environ, l’Afrique subsaharienne deviendrait la zone du monde à l’économie la plus dynamique, avec une croissance réelle supérieure à 5% par an.
Les auteurs ont tenu à rendre cet exercice de projection le plus transparent possible et ont voulu s’appuyer sur des résultats robustes de la littérature relatifs à la détermination des taux d’épargne, de l’investissement et de la productivité. Il reste que, comme toute projection sur longue période, ce travail doit être interprété avec beaucoup de précautions. Les perspectives sont d’autant plus incertaines que l’économie mondiale traverse une période mouvementée. Ces résultats constituent cependant des repères utiles pour les études prospectives sur la demande mondiale de matières premières, le commerce international, les capacités de financement, les puissances mondiales, etc.
Les projections du CEPII pour l’économie mondiale à l’horizon 2050
PIB, 1980-2050 (en incluant l’appréciation réelle, en milliards de USD) Poids des pays dans l’économie mondiale en 2010, 2025 et 2050 (en % du PIB mondial, en prix courants, en incluant l’appréciation réelle)
Notations: EUA= Etats-Unis d’Amérique; CHN=République Populaire de Chine; IND=Inde; RUS=Russie; JPN=Japon; BRE=Brésil; UE27=Union Européenne 27 ; ASS=Afrique Sub-saharienne
Source: CEPII Working Paper 2012-03, février 2012.
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Référence :
“The Great Shift: Macroeconomic projections for the world economy at the 2050 horizon”, CEPII Working Paper 2012-03, by Jean Fouré, Agnès Bénassy-Quéré & Lionel Fontagné, February 2012.
Rédigé par Sophie Piton
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