L’AIIB (2/3) : Quelle « force de frappe » financière pour l’AIIB ?
En matière financière, l’AIIB affiche à la fois de grandes ambitions et un conservatisme susceptible d’établir sa crédibilité.
Par Christophe Destais
Billet du 23 mai 2016
Avec un capital autorisé de 100 milliards de dollars dont 20 % sont exigibles immédiatement, l’AIIB dispose dans l’immédiat de 20 milliards de dollars de fonds propres. Comme les autres banques de développement multilatérales, elle émettra sur les marchés internationaux pour se financer en complément de son capital, ce qui suppose qu’elle soit notée par les grandes agences de rating. Son président, Jin Liqun, a menacé de se financer sur le marché chinois si la note obtenue par l’AIIB n’était « pas juste ». La notation aura une incidence sur le coût de financement de l’AIIB et donc, également, l’attractivité des financements qu’elle sera en mesure de proposer par rapport aux autres prêteurs bilatéraux ou multilatéraux. Un des facteurs susceptibles de peser sur ce coût est la question du statut de créancier privilégié. La Banque Asiatique de Développement et la Banque mondiale jouissent de ce statut, sur une base informelle. Si l’AIIB ne l’obtient pas de ses débiteurs, elle sera exposée à des risques, notamment souverains, plus élevés et cela pourrait se traduire par un coût de financement également plus élevé que les autres banques multilatérales.
Le président de l’AIIB a annoncé que la Banque sollicitera une notation des grandes agences et que, dans un premier temps, le montant maximum de prêts sera de 100 milliards de dollars, le temps pour la Banque d’établir sa crédibilité, avant de porter ce montant à 250 milliards de dollars ultérieurement.
Dans les autres banques de développement multilatérales, le ratio capitaux propres/actifs varie entre 14,6 % pour la Banque Asiatique et 25,2 % pour la Banque Africaine. Avec un capital exigible de 20 milliards de dollars et hors résultats mis en réserve, la taille du bilan de l’AIIB pourrait donc atteindre environ 100 milliards de dollars, soit une taille cohérente avec les déclarations de son président et voisine de celle actuelle de la Banque Asiatique et de la Banque Interaméricaine de Développement. Un actif de 100 milliards de dollars donne une capacité de financement de 20 à 25 milliards de dollars par an, qui est aussi celle de la Banque Asiatique ou de la Banque Mondiale en Asie[1].
Le président de l’AIIB a annoncé que la Banque sollicitera une notation des grandes agences et que, dans un premier temps, le montant maximum de prêts sera de 100 milliards de dollars, le temps pour la Banque d’établir sa crédibilité, avant de porter ce montant à 250 milliards de dollars ultérieurement.
Dans les autres banques de développement multilatérales, le ratio capitaux propres/actifs varie entre 14,6 % pour la Banque Asiatique et 25,2 % pour la Banque Africaine. Avec un capital exigible de 20 milliards de dollars et hors résultats mis en réserve, la taille du bilan de l’AIIB pourrait donc atteindre environ 100 milliards de dollars, soit une taille cohérente avec les déclarations de son président et voisine de celle actuelle de la Banque Asiatique et de la Banque Interaméricaine de Développement. Un actif de 100 milliards de dollars donne une capacité de financement de 20 à 25 milliards de dollars par an, qui est aussi celle de la Banque Asiatique ou de la Banque Mondiale en Asie[1].
Tableau 1 - Fonds propres et total du bilan des banques de développement multilatérales en 2014 (en milliards de dollars) |
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* Capitaux propres = capital souscrit et effectivement payé + réserves
Sources : rapports annuels et FMI pour les taux de change, calculs de l’auteur.
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[1] Voir : http://csis.org/publication/aiib-now-comes-hard-part
[2] Il s’agit des « ordinary capital ressources » de l’ADB. Cette dernière gère en outre de nombreux fonds dédiés qui font l’objet d’une comptabilité séparée.
[2] Il s’agit des « ordinary capital ressources » de l’ADB. Cette dernière gère en outre de nombreux fonds dédiés qui font l’objet d’une comptabilité séparée.
[3] Contrairement aux autres banques pour lesquelles la différence entre le capital souscrit et le capital autorisé est insignifiante, pour la NDB le premier (50 milliards de dollar) n’est égal qu’à la moitié du second.
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