Vietnam : le choix de l’internationalisation
Le Vietnam accentue son insertion internationale pour accélérer son développement, à l’image de l’expérience chinoise démarrée dans les années 1990. Cette stratégie s’appuie sur deux piliers : l’accueil d’investissements directs étrangers dans l’industrie et la promotion des exportations.
Par Michel Fouquin
Billet du 11 mars 2015
L’adhésion du Vietnam à l’OMC en 2007, sa participation active aux négociations du TransPacific Patnership (TPP), l’ouverture des négociations pour un accord de libre-échange avec l’UE en 2012, sont autant de signes de la priorité donnée par le gouvernement de ce pays à son insertion internationale pour accélérer son développement. Cette stratégie de développement s’appuie sur deux piliers : l’accueil d’investissements directs étrangers dans l’industrie et la promotion des exportations. Elle s’inspire de l’expérience chinoise démarrée dans les années quatre-vingt-dix.
Une spécialisation qui se diversifie
D’une spécialisation très marquée par la dépendance aux exportations de matières premières énergétiques, le Vietnam a pu se diversifier, surtout depuis les années 2000, en développant d’autres avantages dans l’industrie manufacturière. Cela a commencé par les différentes activités liées à la filière textile-cuir-vêtements, ainsi qu’à l’industrie agroalimentaire. Depuis 2010, le Vietnam dispose d’avantages comparatifs dans trois nouveaux secteurs : les télécommunications, l’équipement informatique et les bijoux et œuvres d’art. De manière spectaculaire, l’industrie des télécommunications – principalement la production et l’exportation de smartphones – est devenue en moins de trois ans le principal avantage comparatif du Vietnam. Les deux autres secteurs, celui des ordinateurs et de la bijouterie, accompagnent la diversification de l’industrie locale. Cette évolution est en grande partie le résultat des investissements directs des entreprises étrangères. Cela se manifeste par la transformation de la base industrielle au profit de ces entreprises.
L’importance accrue des entreprises à participation étrangère dynamise les exportations
Les firmes étrangères produisent, en 2012, 50 % du produit brut industriel du pays, part en augmentation depuis 2005 (tableau 1). Le secteur privé domestique est composé de très petites entreprises, souvent informelles, très sensibles aux restrictions de crédit ; leur contribution à l’activité diminue fortement durant les périodes de crise de paiement.
La présence étrangère est très orientée vers les secteurs exportateurs, l’accès au marché intérieur restant limité. Ainsi, la part des entreprises étrangères dans les exportations (tableau 2) est-elle devenue très dominante et surtout croît beaucoup plus rapidement que celle du secteur domestique. La contribution du secteur étranger apparaît de plus très fortement positive en matière de balance des paiements allégeant ainsi une contrainte forte sur la croissance du pays dans le passé.
La présence de Samsung au Vietnam est un bon exemple d’implantation d’entreprise étrangère ayant une forte contribution positive aux exportations du pays. L’entreprise a choisi de transférer une grande partie de sa production de téléphones mobiles de la Chine vers le Vietnam. Elle a investi depuis 2011 un total de 11 milliards de dollars au Vietnam et vise à y fabriquer en 2015 40 % de sa production mondiale. Samsung profite de conditions très favorables : l’entreprise ne paie pas d’impôts pendant 4 ans et bénéficie ensuite d’une réduction de moitié du taux d’imposition. Par ailleurs, le coût salarial est estimé à 145$ par mois à Hanoi contre 456$ à Beijing. Enfin, les usines sont implantées à proximité de l’aéroport, ce qui permet l’expédition des biens 20 minutes après la sortie de l’usine, les procédures douanières à l’exportation, comme à l’importation, étant simplifiées au maximum. Au total, l’entreprise Samsung pèse pour 16 % de l’ensemble des exportations du Vietnam et 95 % de ses exportations de téléphonie. Ces résultats sont remarquables dans un pays par ailleurs réputé pour la difficulté d’entreprendre comme le confirme son mauvais classement à l’indice de facilité du « doing business ».
La structure géographique des échanges du Vietnam révèle la façon dont le pays s’inscrit dans les chaînes de valeur internationales. Il importe essentiellement des produits intermédiaires, composants électroniques, fer et acier, plastiques de Chine, de Corée ou de l’ASEAN. Le Vietnam exporte peu vers ces pays, hormis les produits traditionnels tels que combustibles, vêtements, chaussures et produits de l’aquaculture. Le Vietnam assemble les composants pour exporter des produits finaux vers les pays développés, d’où le fort solde positif du commerce avec les États-Unis, l’Europe ou encore le Japon (tableau 3).
Perspectives d’ouverture
Le Vietnam devrait poursuivre sa politique d’ouverture commerciale. Les engagements pris dans le cadre de l’AEC (ASEAN Economic Community) devraient conduire à l’élimination complète des droits de douane intra-ASEAN d’ici 2017, tandis que les accords TransPacific, d’une part, et avec l’Union Européenne, d’autre part, devraient offrir un accès renforcé aux produits vietnamiens sur ces différents marchés. Si la poursuite de la stratégie d’ouverture est bien établie, les bénéfices que le Vietnam pourrait en tirer sont moins certains. Ces gains dépendent à long terme de la diffusion dans le tissu industriel vietnamien des technologies importées par les firmes étrangères. Ils dépendent également du développement, hors des chaines de production internationales, d’industries vietnamiennes de haute technologie compétitives à l’exportation.
Une spécialisation qui se diversifie
D’une spécialisation très marquée par la dépendance aux exportations de matières premières énergétiques, le Vietnam a pu se diversifier, surtout depuis les années 2000, en développant d’autres avantages dans l’industrie manufacturière. Cela a commencé par les différentes activités liées à la filière textile-cuir-vêtements, ainsi qu’à l’industrie agroalimentaire. Depuis 2010, le Vietnam dispose d’avantages comparatifs dans trois nouveaux secteurs : les télécommunications, l’équipement informatique et les bijoux et œuvres d’art. De manière spectaculaire, l’industrie des télécommunications – principalement la production et l’exportation de smartphones – est devenue en moins de trois ans le principal avantage comparatif du Vietnam. Les deux autres secteurs, celui des ordinateurs et de la bijouterie, accompagnent la diversification de l’industrie locale. Cette évolution est en grande partie le résultat des investissements directs des entreprises étrangères. Cela se manifeste par la transformation de la base industrielle au profit de ces entreprises.
L’importance accrue des entreprises à participation étrangère dynamise les exportations
Les firmes étrangères produisent, en 2012, 50 % du produit brut industriel du pays, part en augmentation depuis 2005 (tableau 1). Le secteur privé domestique est composé de très petites entreprises, souvent informelles, très sensibles aux restrictions de crédit ; leur contribution à l’activité diminue fortement durant les périodes de crise de paiement.
La présence étrangère est très orientée vers les secteurs exportateurs, l’accès au marché intérieur restant limité. Ainsi, la part des entreprises étrangères dans les exportations (tableau 2) est-elle devenue très dominante et surtout croît beaucoup plus rapidement que celle du secteur domestique. La contribution du secteur étranger apparaît de plus très fortement positive en matière de balance des paiements allégeant ainsi une contrainte forte sur la croissance du pays dans le passé.
La présence de Samsung au Vietnam est un bon exemple d’implantation d’entreprise étrangère ayant une forte contribution positive aux exportations du pays. L’entreprise a choisi de transférer une grande partie de sa production de téléphones mobiles de la Chine vers le Vietnam. Elle a investi depuis 2011 un total de 11 milliards de dollars au Vietnam et vise à y fabriquer en 2015 40 % de sa production mondiale. Samsung profite de conditions très favorables : l’entreprise ne paie pas d’impôts pendant 4 ans et bénéficie ensuite d’une réduction de moitié du taux d’imposition. Par ailleurs, le coût salarial est estimé à 145$ par mois à Hanoi contre 456$ à Beijing. Enfin, les usines sont implantées à proximité de l’aéroport, ce qui permet l’expédition des biens 20 minutes après la sortie de l’usine, les procédures douanières à l’exportation, comme à l’importation, étant simplifiées au maximum. Au total, l’entreprise Samsung pèse pour 16 % de l’ensemble des exportations du Vietnam et 95 % de ses exportations de téléphonie. Ces résultats sont remarquables dans un pays par ailleurs réputé pour la difficulté d’entreprendre comme le confirme son mauvais classement à l’indice de facilité du « doing business ».
La structure géographique des échanges du Vietnam révèle la façon dont le pays s’inscrit dans les chaînes de valeur internationales. Il importe essentiellement des produits intermédiaires, composants électroniques, fer et acier, plastiques de Chine, de Corée ou de l’ASEAN. Le Vietnam exporte peu vers ces pays, hormis les produits traditionnels tels que combustibles, vêtements, chaussures et produits de l’aquaculture. Le Vietnam assemble les composants pour exporter des produits finaux vers les pays développés, d’où le fort solde positif du commerce avec les États-Unis, l’Europe ou encore le Japon (tableau 3).
Perspectives d’ouverture
Le Vietnam devrait poursuivre sa politique d’ouverture commerciale. Les engagements pris dans le cadre de l’AEC (ASEAN Economic Community) devraient conduire à l’élimination complète des droits de douane intra-ASEAN d’ici 2017, tandis que les accords TransPacific, d’une part, et avec l’Union Européenne, d’autre part, devraient offrir un accès renforcé aux produits vietnamiens sur ces différents marchés. Si la poursuite de la stratégie d’ouverture est bien établie, les bénéfices que le Vietnam pourrait en tirer sont moins certains. Ces gains dépendent à long terme de la diffusion dans le tissu industriel vietnamien des technologies importées par les firmes étrangères. Ils dépendent également du développement, hors des chaines de production internationales, d’industries vietnamiennes de haute technologie compétitives à l’exportation.
Graphique 1 : Avantages comparatifs dans l’industrie, Vietnam, 2000, 2005 et 2012. |
Source : General Statistics Office (GSO) of Vietnam. |
Tableau 1 : Répartition du produit brut industriel selon le type d’entreprise |
Source : GSO of Vietnam. |
Tableau 2 : Structure du commerce extérieur du Vietnam par type d'entreprise |
Source : GSO of Vietnam. |
Tableau 3 : Commerce par partenaire en 2014, en milliards de dollars |
Source : GSO of Vietnam.
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