Le commerce extérieur chinois : l’usine du monde au ralenti
La fragmentation internationale des processus productifs avait stimulé la progression des échanges internationaux dans les années 2000. Depuis la crise globale, ce mouvement semble stoppé et le ralentissement du commerce de la Chine reflète la contraction des chaînes mondiales de production.
Par Françoise Lemoine
Billet du 11 décembre 2014
Un récent article paru dans la revue Finance & Development [1] souligne que le ralentissement du commerce mondial depuis 2012 ne résulte pas de seuls facteurs cycliques (ralentissement de la demande), mais témoigne aussi d’évolutions structurelles qui abaissent l’élasticité du commerce au PIB mondial. Parmi ces dernières, on décèle un ralentissement de la fragmentation internationale des processus productifs qui se manifeste notamment dans le fait que les exportations de la Chine incorporent de moins en moins de pièces et composants importés.
Le commerce de processing de la Chine est un maillon essentiel des chaînes de production mondiales, lesquelles représentent la moitié du commerce international [2]. Le processing correspond à des activités d’assemblage destinées exclusivement à l’exportation et dont les intrants importés bénéficient d’exemption douanière. L’excédent que dégage la Chine sur ces activités s’est amplifié au cours des années 2000, car le contenu local des exportations a augmenté, notamment dans le secteur électronique où les pièces et composants de fabrication locale se substituent progressivement aux importations (graphique 1).
Depuis 2007, les importations et les exportations de la Chine relatives aux activités de processing ont cessé de progresser plus vite que les échanges mondiaux et stagnent, respectivement, autour de 2,6 % et 4,6 % du commerce mondial de marchandises. Il est clair que « l’usine du monde » tourne au ralenti. D’une part, la demande des marchés américain et européen s’est tassée ; d’autre part, la compétitivité des industries exportatrices de la Chine semble s’essouffler : dans les importations de produits manufacturés des États-Unis et de l’Union européenne, la part de la Chine a cessé de progresser.
Pourtant, la Chine a continué à élargir sa part du marché mondial, particulièrement dans les produits manufacturés où elle est passée de 12,7 % à 17,7 % entre 2007 et 2013 (graphique 2). Toutefois, les ressorts de cette progression sont différents de ceux qui prévalaient avant la crise. La dynamique commerciale chinoise ne procède plus de son insertion dans les chaînes mondiales de production, elle est portée par le commerce « ordinaire » du pays (graphique 3). Les exportations ordinaires, qui utilisent essentiellement des inputs locaux, ont fortement progressé vers les pays à bas revenus ; quant aux importations ordinaires, elles ont été portées par la forte demande chinoise de produits primaires et de biens de consommation « haut de gamme » [3].
Au cours des années 2000, la fragmentation internationale de plus en plus intense des processus productifs avait stimulé la progression des échanges internationaux. Depuis la crise globale, ce mouvement semble stoppé et le ralentissement du commerce de la Chine vient surtout de cette relative contraction des chaînes mondiales de production. La position de la Chine dans ces réseaux est appelée à évoluer car elle perd ses avantages comparatifs dans les stades à forte intensité de travail à bas coût et doit en gagner dans les productions à plus forte valeur ajoutée.
Le commerce de processing de la Chine est un maillon essentiel des chaînes de production mondiales, lesquelles représentent la moitié du commerce international [2]. Le processing correspond à des activités d’assemblage destinées exclusivement à l’exportation et dont les intrants importés bénéficient d’exemption douanière. L’excédent que dégage la Chine sur ces activités s’est amplifié au cours des années 2000, car le contenu local des exportations a augmenté, notamment dans le secteur électronique où les pièces et composants de fabrication locale se substituent progressivement aux importations (graphique 1).
Depuis 2007, les importations et les exportations de la Chine relatives aux activités de processing ont cessé de progresser plus vite que les échanges mondiaux et stagnent, respectivement, autour de 2,6 % et 4,6 % du commerce mondial de marchandises. Il est clair que « l’usine du monde » tourne au ralenti. D’une part, la demande des marchés américain et européen s’est tassée ; d’autre part, la compétitivité des industries exportatrices de la Chine semble s’essouffler : dans les importations de produits manufacturés des États-Unis et de l’Union européenne, la part de la Chine a cessé de progresser.
Pourtant, la Chine a continué à élargir sa part du marché mondial, particulièrement dans les produits manufacturés où elle est passée de 12,7 % à 17,7 % entre 2007 et 2013 (graphique 2). Toutefois, les ressorts de cette progression sont différents de ceux qui prévalaient avant la crise. La dynamique commerciale chinoise ne procède plus de son insertion dans les chaînes mondiales de production, elle est portée par le commerce « ordinaire » du pays (graphique 3). Les exportations ordinaires, qui utilisent essentiellement des inputs locaux, ont fortement progressé vers les pays à bas revenus ; quant aux importations ordinaires, elles ont été portées par la forte demande chinoise de produits primaires et de biens de consommation « haut de gamme » [3].
Au cours des années 2000, la fragmentation internationale de plus en plus intense des processus productifs avait stimulé la progression des échanges internationaux. Depuis la crise globale, ce mouvement semble stoppé et le ralentissement du commerce de la Chine vient surtout de cette relative contraction des chaînes mondiales de production. La position de la Chine dans ces réseaux est appelée à évoluer car elle perd ses avantages comparatifs dans les stades à forte intensité de travail à bas coût et doit en gagner dans les productions à plus forte valeur ajoutée.
Graphique 1 – Chine : commerce de processing en % du commerce mondial
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Graphique 2 – Produits manufacturés – Exportations et importations chinoises en % du commerce mondial, 2000-2013 Graphique 3 – Produits manufacturés -–Exportations et importations chinoises par régime douanier, en % du commerce mondial, 2007-2012 |
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Source : Douanes chinoises et OMC. |
[1] Cristina Constantinescu, Aaditya Mattoo et Michele Ruta. Slow Trade. Finance & Development, Décembre 2014.
[2] WTO, World Trade Report 2014.
[3] Françoise Lemoine, Sandra Poncet et Deniz Ünal. La mutation du commerce extérieur de la Chine. Document de travail du CEPII, à paraitre.
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