Le doux commerce des volailles françaises ? 1/2
Alors que le marché mondial de la volaille a triplé depuis 1995, la France a perdu deux places et n’est en 2010 plus que le cinquième exportateur mondial. Ses parts de marché ont fondu sur chacun des différents segments (produits frais ou surgelés, entiers ou découpés).
Par Charlotte Emlinger, Daniel Mirza
Faits & Chiffres du 12 décembre 2013
Avec près de 12 millions de tonnes échangées dans le monde en 2010, le commerce de volaille est le plus important en volume parmi les échanges internationaux de produits carnés (15 % de plus que le porc et 60 % de plus que le bœuf). Depuis 1995, ce commerce a été multiplié par trois en volume et par quatre en valeur (graphique 1), une croissance favorisée essentiellement par les produits surgelés.
Cette croissance peut être expliquée en partie par la constitution de grands groupes internationaux favorisant un élevage industriel poussé dans ce secteur et le développement du commerce de produits découpés. Une autre explication tient à la forte croissance des pays émergents (asiatiques notamment) ou des pays producteurs de pétrole (Afrique/Moyen-Orient), gros consommateurs de volailles. Leurs importations ont été multipliées par 2,5 en l’espace de sept ans passant de 3 milliards en 2002 à plus de 8 milliards en 2010. Enfin, les importations de produits frais ont fortement augmenté dans l’UE-15 et en Europe de l’Est ces dernières années.
Quel a été le positionnement de la France compte tenu de ces changements ? Le graphique 2 montre l’évolution des exportations de la France par rapport à ses principaux concurrents, en milliards de dollars. Entre 2002 et 2010, la France n’accroît pas ses exportations totales de volailles (fraîches et surgelées) : le pays n’a pas su tirer parti de la dynamique de la demande, à laquelle contribuent pourtant fortement ses partenaires naturels (Afrique, le Moyen Orient mais aussi l’UE). En revanche, les pays du reste de l’UE (Europe de l’Est) et le Brésil apparaissent comme les grands bénéficiaires de cette dynamique (leurs exportations sont multipliées par quatre), le Brésil devenant ainsi le premier exportateur mondial se spécialisant principalement dans le surgelé.
Afin de mieux comprendre l’évolution des performances françaises, nous considérons quatre marchés distincts : le marché des produits frais entiers ; celui des produits frais découpés ; le marché des produits surgelés entiers et enfin, celui des produits surgelés et découpés. Les graphiques 3 montrent ainsi l’évolution des parts de marchés correspondantes dans le monde.
Concernant les produits frais, les parts de marché françaises ont chutées entre 2002 et 2010 : premier exportateur mondial de produits frais entiers, avec une part de marché proche de 40 %, en 2002, la France n’est plus que troisième en 2010 avec une part de marché de près de 15 % ! Une tendance baissière, moins accentuée néanmoins, peut aussi être observée pour les Pays-Bas, autre leader dans les produits frais. Ces baisses s’expliquent par la hausse du poids des États-Unis et des pays proches (Pologne et Hongrie), ainsi que par l’arrivée sur ce marché de la Chine, , devenue grand exportateur de volailles en produits entiers et frais depuis 2005.
Concernant les produits surgelés, deux pays se disputent les parts de marché dans chaque filière : la France et le Brésil dans les produits congelés entiers ; Les États-Unis et le Brésil dans les produits découpés. Le Brésil, grand gagnant sur ces deux marchés ces dernières années, occupe désormais 60 % du marché mondial des produits entiers surgelés, au détriment des États-Unis et de la France (qui a vu ses parts de marché fondre de 30 % à 10 %).
Les parts de marché des producteurs français de volailles se sont réellement détériorées, sur chacun des segments frais ou surgelé. Nous revenons sur les raisons de ces évolutions dans un deuxième billet.
Cette croissance peut être expliquée en partie par la constitution de grands groupes internationaux favorisant un élevage industriel poussé dans ce secteur et le développement du commerce de produits découpés. Une autre explication tient à la forte croissance des pays émergents (asiatiques notamment) ou des pays producteurs de pétrole (Afrique/Moyen-Orient), gros consommateurs de volailles. Leurs importations ont été multipliées par 2,5 en l’espace de sept ans passant de 3 milliards en 2002 à plus de 8 milliards en 2010. Enfin, les importations de produits frais ont fortement augmenté dans l’UE-15 et en Europe de l’Est ces dernières années.
Quel a été le positionnement de la France compte tenu de ces changements ? Le graphique 2 montre l’évolution des exportations de la France par rapport à ses principaux concurrents, en milliards de dollars. Entre 2002 et 2010, la France n’accroît pas ses exportations totales de volailles (fraîches et surgelées) : le pays n’a pas su tirer parti de la dynamique de la demande, à laquelle contribuent pourtant fortement ses partenaires naturels (Afrique, le Moyen Orient mais aussi l’UE). En revanche, les pays du reste de l’UE (Europe de l’Est) et le Brésil apparaissent comme les grands bénéficiaires de cette dynamique (leurs exportations sont multipliées par quatre), le Brésil devenant ainsi le premier exportateur mondial se spécialisant principalement dans le surgelé.
Afin de mieux comprendre l’évolution des performances françaises, nous considérons quatre marchés distincts : le marché des produits frais entiers ; celui des produits frais découpés ; le marché des produits surgelés entiers et enfin, celui des produits surgelés et découpés. Les graphiques 3 montrent ainsi l’évolution des parts de marchés correspondantes dans le monde.
Concernant les produits frais, les parts de marché françaises ont chutées entre 2002 et 2010 : premier exportateur mondial de produits frais entiers, avec une part de marché proche de 40 %, en 2002, la France n’est plus que troisième en 2010 avec une part de marché de près de 15 % ! Une tendance baissière, moins accentuée néanmoins, peut aussi être observée pour les Pays-Bas, autre leader dans les produits frais. Ces baisses s’expliquent par la hausse du poids des États-Unis et des pays proches (Pologne et Hongrie), ainsi que par l’arrivée sur ce marché de la Chine, , devenue grand exportateur de volailles en produits entiers et frais depuis 2005.
Concernant les produits surgelés, deux pays se disputent les parts de marché dans chaque filière : la France et le Brésil dans les produits congelés entiers ; Les États-Unis et le Brésil dans les produits découpés. Le Brésil, grand gagnant sur ces deux marchés ces dernières années, occupe désormais 60 % du marché mondial des produits entiers surgelés, au détriment des États-Unis et de la France (qui a vu ses parts de marché fondre de 30 % à 10 %).
Les parts de marché des producteurs français de volailles se sont réellement détériorées, sur chacun des segments frais ou surgelé. Nous revenons sur les raisons de ces évolutions dans un deuxième billet.
Graphique 1 – Exportations mondiales de volailles en 1995, 2002 et 2010
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Volume en tonnes |
Valeur en milliards de USD |
Source : BACI, calculs des auteurs.
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Graphique 2 – Exportations mondiales de volailles, en milliards de USD |
Source : BACI, calculs des auteurs. |
Graphique 3 – Parts de marché sur chacun des segments du marché de la volaille, 1995-2010 |
3.1. produits frais |
3.2. produits surgelés |
Source : BACI, calculs des auteurs.
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