Quand la protection douanière pénalise les exportations agricoles à bas prix
Les pays en développement sont spécialisés dans les exportations de produits agricoles à bas prix, comparativement aux autres pays exportateurs. Cette orientation les rend plus sensibles à certains outils de protection douanière comme les droits spécifiques (définis par unité de produit importé).
Par Charlotte Emlinger, Houssein Guimbard
Billet du 16 septembre 2013
Les pays en développement (PED) sont de grands exportateurs agricoles (en 2011, par exemple, la part des exportations agricoles du Kenya dans le total de ses exportations s’élève à 61 %, celle de l’Argentine à 53 % contre 9,5 % pour l’Europe). À cette orientation sectorielle s’ajoute une spécialisation dans des produits bon marché, relativement aux autres exportateurs.
Le tableau caractérise le niveau des prix des exportations agricoles par niveau de développement des pays [1]. Un indicateur de prix relatif est calculé au niveau fin des produits (SH6 : classification du système harmonisé à 6 chiffres du commerce international), ce qui permet une comparaison des prix à l’exportation des différents pays pour un même produit. Il est égal à la valeur unitaire d’un produit exporté par un pays, pour une année, rapportée à la moyenne de la valeur unitaire de ce produit, pour cette année et pour l’ensemble des exportateurs. La moyenne de cet indicateur par décile de PIB par tête met en évidence une relation positive entre niveau de développement et prix à l’export.
Par ailleurs, le coefficient de dispersion (colonne 2) nous donne une indication de la dispersion des prix selon le produit et le pays exportateur. Il apparait que, pour un même produit, les pays riches exportent à des prix très différents en fonction des destinations tandis que les pays au niveau de développement plus faible ont une différenciation en termes de prix plus limitée.
Cette spécialisation des pays en développement peut être le reflet d’un avantage comparatif lié à un faible coût du travail ou à une abondance de ressources naturelles, par exemple. Elle peut aussi s’expliquer par une qualité moindre de la production. Ces explications sont souvent utilisées pour justifier l’utilisation de protection à la frontière dans les pays développés, craignant une concurrence déloyale que subiraient leurs producteurs.
C’est ainsi que les bas prix des exportations agricoles des PED les rendent plus sensibles à certains outils de politiques commerciales, notamment les droits de douane spécifiques. Ces derniers s’expriment comme un montant monétaire par unité de produit importé (exemple : 41,2 euros/100 kg pour les porcs reproducteurs de race, importés par l’Union Européenne) et sont donc d’autant plus élevés en termes relatifs que le prix du produit est faible [2]. Ce caractère discriminatoire des droits de douanes spécifiques envers les pays en développement, lié au niveau et à la gamme réduite des prix de leurs exportations, est démontré et illustré dans une étude récente du CEPII (Emlinger & Guimbard, 2013).
Le tableau caractérise le niveau des prix des exportations agricoles par niveau de développement des pays [1]. Un indicateur de prix relatif est calculé au niveau fin des produits (SH6 : classification du système harmonisé à 6 chiffres du commerce international), ce qui permet une comparaison des prix à l’exportation des différents pays pour un même produit. Il est égal à la valeur unitaire d’un produit exporté par un pays, pour une année, rapportée à la moyenne de la valeur unitaire de ce produit, pour cette année et pour l’ensemble des exportateurs. La moyenne de cet indicateur par décile de PIB par tête met en évidence une relation positive entre niveau de développement et prix à l’export.
Par ailleurs, le coefficient de dispersion (colonne 2) nous donne une indication de la dispersion des prix selon le produit et le pays exportateur. Il apparait que, pour un même produit, les pays riches exportent à des prix très différents en fonction des destinations tandis que les pays au niveau de développement plus faible ont une différenciation en termes de prix plus limitée.
Cette spécialisation des pays en développement peut être le reflet d’un avantage comparatif lié à un faible coût du travail ou à une abondance de ressources naturelles, par exemple. Elle peut aussi s’expliquer par une qualité moindre de la production. Ces explications sont souvent utilisées pour justifier l’utilisation de protection à la frontière dans les pays développés, craignant une concurrence déloyale que subiraient leurs producteurs.
C’est ainsi que les bas prix des exportations agricoles des PED les rendent plus sensibles à certains outils de politiques commerciales, notamment les droits de douane spécifiques. Ces derniers s’expriment comme un montant monétaire par unité de produit importé (exemple : 41,2 euros/100 kg pour les porcs reproducteurs de race, importés par l’Union Européenne) et sont donc d’autant plus élevés en termes relatifs que le prix du produit est faible [2]. Ce caractère discriminatoire des droits de douanes spécifiques envers les pays en développement, lié au niveau et à la gamme réduite des prix de leurs exportations, est démontré et illustré dans une étude récente du CEPII (Emlinger & Guimbard, 2013).
Décile de PIB par tête des pays exportateurs * | Indicateur de prix relatif (par produit, année et type de pays exportateur) ** | Coefficient de variation des prix (par produit, année et type de pays exportateur) |
1 | 0,76 | 54,17 |
2 | 0,79 | 64,95 |
3 | 0,84 | 62,89 |
4 | 0,82 | 68,97 |
5 | 0,95 | 68,65 |
6 | 1,04 | 83,11 |
7 | 1,11 | 83,83 |
8 | 1,27 | 95,33 |
9 | 1,13 | 100,81 |
10 | 1,23 | 96,53 |
* décile 1 : pays dont le PIB par tête est le plus bas, décile 10 : pays dont le PIB par tête est le plus élevé.
** Un indicateur supérieur à l’unité montre qu’un pays exporte un bien donné plus cher que l’ensemble du monde, et inversement.
Référence :
Emlinger, C. & H. Guimbard (2013) “Per-unit duties: friends or foes of developing country exporters?” CEPII Working Paper N°2013-23, juillet.
[1] Le niveau de développement est ici mesuré par le PIB par habitant de la base de données World Development Indicators de la Banque Mondiale.
[2] En 2007, le Japon applique un droit de douane spécifique sur le riz (code 100600) de 2 855 dollars américains par tonne. La conversion en pourcentage de ce droit est 310 % pour les importations en provenance de Chine et de 1 000 % pour le riz en provenance du Bangladesh.
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