Pas de krach en vue sur les marchés obligataires... sauf si...
Les propos du président de la réserve fédérale (Fed), annonçant, ou plutôt laissant envisager un possible arrêt des rachats massifs de titres de dette (essentiellement publique) dans les prochains mois, ont provoqué une réaction négative des marchés avec une hausse générale des taux obligataires.
Par Jean-Pierre Patat
Billet du 28 juin 2013
Cette réaction peut être jugée de deux manières :
- L’une, critique envers des marchés, décidément incorrigibles, surréagissant sottement à la perspective d’une réorientation de la politique monétaire à laquelle tout investisseur quelque peu rationnel pouvait, devait s’attendre.
- L’autre, plus mesurée, en constatant que ces réactions des marchés, qui font grands bruits dans les médias économiques et financiers, sont finalement limitées. De plus, elles ne marquent pas du tout une rupture de tendance, comme on pourrait le croire au vu de certains commentaires, mais prolongent, en l’accentuant, un mouvement de hausse des taux entamé depuis plus d’un mois et demi. En fait, des montants importants des achats d’obligation qui avaient, jusqu’à fin avril, conduit les taux de rendement à des niveaux historiquement bas, étaient le fait d’investisseurs plus ou moins spéculatifs, acquérant ces titres, non par l’attirance de taux d’intérêt souvent dérisoires, mais pour profiter de gains en capital (la baisse des taux de rendement sur le marché secondaire traduit mécaniquement l’appréciation du nominal de l’obligation). Des investisseurs institutionnels, fonds de pension, fonds d’épargne, gagnés par l’esprit moutonnier et le court termisme avaient suivi. Dès la fin avril, les premiers investisseurs avaient commencé à prendre leur bénéfice. Avec les propos de Bernanke, on pouvait penser (à juste titre) que la hausse des taux et donc la baisse de la valeur de marché des titres obligataires, allaient s’accentuer. Dans la seconde, ces investisseurs ont donc liquidé leur position longue sur les titres obligataires. Mais il semble que cela se soit arrêté là.
Concernant la zone euro, les conséquences de ce retournement sont, quoiqu’on en dise, limitées et plaident plutôt en faveur de la résilience de la zone. Depuis le point bas de fin avril, le taux à 10 ans est remonté de 70 points de base en Allemagne, 79 en France, 79 également en Irlande, 97/98 en Italie et en Espagne. Des écarts encore moindres si l’on considère la hausse ayant immédiatement suivi les propos du président de la Fed : 30 points de base en Allemagne, 34 en France, 37 en Irlande, 45 en Espagne, 54 en Italie. Reste le Portugal, pour lequel les évolutions de taux sont à première vue plus inquiétantes : depuis le point bas de fin avril, les taux à 10 ans ont augmenté de 147 points de base ; mais par ailleurs, ces taux avaient, beaucoup plus que ceux des autres pays, bénéficié de la mini bulle observée depuis la mi-mars : - 120 points de base à fin avril contre -40 pour les taux allemands et pour les taux français, -90 points pour les taux espagnols et italiens, -80 points pour les taux irlandais ; de sorte qu’aujourd’hui l’écart avec les taux allemands est moindre qu’il y a trois mois : 480 points contre 520. Pourquoi faut-il, dans ces conditions que certains agitent le chiffon rouge en évoquant une nécessaire restructuration de la dette portugaise ? Est -ce en échos aux propos du FMI comme quoi il ne fallait pas répéter les erreurs commises avec la Grèce ? Un FMI dont les avis sont pourtant plus que fluctuants depuis le début de la crise.
La suite dépend maintenant des investisseurs institutionnels, fonds de pension, fonds d’épargne. Il ne faudrait sans doute pas grand-chose, au niveau de la gouvernance de la zone euro, ou de la communication, de ses dirigeants comme de ses observateurs, pour qu’ils suivent le mouvement suscitant, pour le coup, une hausse longue et prononcée des taux préjudiciable à tous.
Dans ce contexte, les allusions à une restructuration de la dette portugaise me semblent particulièrement inopportunes.
La suite dépend maintenant des investisseurs institutionnels, fonds de pension, fonds d’épargne. Il ne faudrait sans doute pas grand-chose, au niveau de la gouvernance de la zone euro, ou de la communication, de ses dirigeants comme de ses observateurs, pour qu’ils suivent le mouvement suscitant, pour le coup, une hausse longue et prononcée des taux préjudiciable à tous.
Dans ce contexte, les allusions à une restructuration de la dette portugaise me semblent particulièrement inopportunes.
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